Slow Food et la coalition “Sauvons les abeilles et les agriculteurs » rencontrent deux commissaires européennes pour présenter formellement leur campagne pour une Europe sans pesticides

28 Nov 2022 | French

Le 25 novembre dernier, l’initiative citoyenne européenne (ICE) “Sauvons les abeilles et les agriculteurs” a franchi une nouvelle étape. Ses représentants, dont Slow Food, ont rencontré les commissaires de la Commission Européenne, Věra Jourová (Valeurs et Transparence) et Stella Kyriakides (Santé et Sécurité alimentaire), pour officiellement présenter leurs revendications :

1 Une élimination progressive de l’utilisation des pesticides de synthèse

D’ici 2030, l’utilisation des pesticides de synthèse dans l’agriculture doit être progressivement réduite de 80 %. D’ici 2035, l’agriculture de l’ensemble de l’Union devra fonctionner sans pesticides de synthèse.

2 Mesures visant à restaurer la biodiversité

Les habitats naturels doivent être restaurés et les zones agricoles devenir un vecteur de restauration de la biodiversité.

3 Soutien aux agriculteurs

Les agriculteurs doivent être soutenus dans la nécessaire transition vers l’agroécologie. Les petites exploitations agricoles diversifiées et durables doivent être favorisées, l’agriculture biologique développée, et la recherche d’une agriculture sans pesticides et sans OGM soutenue.

Marta Messa, secrétaire générale de Slow Food commente : “La mobilisation de tant de citoyens à travers l’Europe montre que produire des aliments qui sont bons pour celle et ceux qui les mangent, qui les produisent et pour la planète compte énormément. Une déclaration citoyenne aussi forte ne peut être ignorée”.

L’initiative citoyenne européenne (ICE) ” Sauvons les abeilles et les agriculteurs ” a été officiellement validée par la Commission européenne le 10 octobre 2022, avec 1,1 million de signatures recueillies en 2 ans. 15 représentants de la société civile, dont Slow Food et 5 des 7 citoyens et citoyennes qui ont initié l’ICE le 30 septembre 2019, étaient présents à la rencontre avec les deux commissaires européennes. Une rencontre qui arrive à point nommé, puisque l’objectif « de 50% de réduction de l’utilisation et des risques des pesticides chimiques d’ici 2030 » inclus dans la stratégie européenne « de la ferme à la table », est gravement menacé.

La proposition de la Commission sur “le règlement sur l’utilisation durable des pesticides” (SUR) reçoit de nombreuses critiques de la part de certains États membres, des groupes conservateurs du Parlement européen et de l’industrie des pesticides, arguant que la sécurité alimentaire européenne est menacée en raison de la guerre qui fait rage en Ukraine. Le 10 novembre, Slow Food avait rejoint 30 ONGs pour réagir aux discussions du Conseil de l’UE dans une lettre commune. Une mise au point sur un éventuel retard sur le dossier est attendue en décembre, après la prochaine réunion des ministres de l’agriculture lors du Conseil AGRI-FISH

La réunion de vendredi était une occasion importante pour les représentants de l’ICE d’attirer l’attention de la Commission européenne sur plusieurs points.

Madeleine Coste, responsable politique chez Slow Food, a ajouté : “Le Green Deal (Pacte Vert) européen et la stratégie « Farm to Fork » (« de la ferme à la table ») donnent aux citoyens européens l’espoir d’un avenir meilleur. Nous ne pouvons pas laisser l’agro-industrie torpiller ces engagements et stopper notre transition vers une agriculture durable. Nos dirigeants européens doivent écouter les citoyens et leur montrer qu’ils sont réellement engagés en faveur d’un système alimentaire sain, équitable et respectueux de la nature !”

Tout d’abord, nous avons réitéré le soutien de la société civile à l’engagement de la Commission à réduire l’utilisation des pesticides et avons demandé que l’Union européenne élabore un plan visant à éliminer totalement l’utilisation des pesticides synthétiques.

Deuxièmement, nous avons rappelé à la Commission que des alternatives aux pesticides, telles que la « lutte intégrée contre les parasites » (« Integrated Pest Management ») et les pratiques agroécologiques, existent déjà. Pourtant, l’Union européenne a échoué jusqu’à présent à promouvoir de manière adéquate l’adoption de ces pratiques tout en continuant à financer l’agriculture industrielle. En conséquence, l’utilisation des pesticides en Europe est en hausse depuis la mise en œuvre de la directive sur l’utilisation durable des pesticides (SUD) en 2009.

Nous avons également souligné que l’utilisation intensive de pesticides présente un danger incontestable pour les abeilles et autres pollinisateurs dont dépend notre système alimentaire – les apiculteurs de toute l’Europe s’alarment du taux de disparition des colonies d’abeilles. Le besoin urgent de mettre en place des zones de protection pour la retraite et la survie de ces insectes est lié à ce point.

Mais l’ICE “Sauvons les abeilles et les agriculteurs” ne vise pas seulement à réduire l’utilisation des pesticides, mais également à exiger un changement global de notre système alimentaire, ce qui nécessite un soutien politique fort aux agriculteurs pour assurer la transition, et l’introduction de mesures ambitieuses dans la politique agricole commune (PAC) et la future loi sur les systèmes alimentaire durables (« Sustainable Food System Law »). Les agriculteurs sont actuellement pris dans un engrenage toxique, qui les contraint à appliquer de plus en plus de pesticides sur leurs semences qui sont elles-mêmes de plus en plus sensibles aux parasites.

Enfin, nous avons averti la Commission européenne que la réduction drastique de l’utilisation des pesticides ne peut être obtenue par les nouvelles techniques génomiques (NGT). Nous avons besoin d’un changement complet du système, et non de techno-science court-termiste.

1,1 million de citoyens européens ont exprimé leurs exigences par le biais de cet outil officiel qu’est l’ICE. L’Union européenne doit maintenant aller de l’avant, démontrer son engagement envers la stratégie “de la ferme à la table” et devenir le leader international en matière de protection de la biodiversité.

 

Contexte

Une initiative citoyenne européenne (ICE) permet aux citoyens européens de demander directement à la Commission européenne de proposer un acte juridique (notamment une directive ou un règlement) dans un domaine qui relève de ses compétences. Si l’initiative recueille les signatures d’au moins un million de citoyens de l’Union européenne issus d’au moins sept États membres, la Commission européenne est tenue de répondre aux demandes de l’ICE. Les ICE actives pendant la pandémie de COVID-19 ont bénéficié d’une prolongation d’un an en raison des conditions difficiles qui ont affecté la collecte des signatures.

Le processus formel d’une initiative citoyenne européenne réussie comprend une réunion entre ses représentants et la Commission européenne, ainsi qu’une audition publique au Parlement européen. Le Parlement européen peut également organiser un débat en session plénière, qui pourrait aboutir à l’adoption d’une résolution relative aux questions de l’ICE.

La délégation reçue par la Commission européenne comprenait :

Dr Polyxeni Nicolopoulo (Grèce, médecin, membre individuel du comité des citoyens), Annemarie Gluderer (Tyrol du Sud, Italie, agricultrice biologique, membre individuelle du comité des citoyens), Constantin Dobrescu (Roumanie, apiculteur, Romapis et BeeLife), Dr Helmut Burtscher (Autriche, scientifique, Global2000), Johann Lutke-Schwienhorst (Allemagne, Aurelia Stiftung), Corinna Hoelzel (Allemagne, BUND), Veronika Feicht (Allemagne, Umweltinstitut München), Karl Baer (Allemagne, ancien représentant principal du comité des citoyens, actuellement membre du Bundestag), Madeleine Coste (Slow Food Europe), Clara Bourgin (France, Amis de la Terre Europe), Luís Morago (Espagne, Avaaz), Natalija Svrtan (Croatie, PAN Europe), Tjerk Dalhuisen (Pays-Bas, PAN Europe) et Dr Martin Dermine (Belgique, PAN Europe).

A propos de Slow Food

Slow Food est un mouvement mondial qui agit ensemble pour assurer une alimentation bonne, propre et juste pour toutes et tous. Nous cultivons un réseau mondial de communautés locales qui défendent la diversité culturelle et biologique, promeuvent l’éducation alimentaire et plaident pour une politique alimentaire plus juste et équitable. Slow Food s’est développé pour impliquer des millions de personnes dans plus de 160 pays à travers le monde.

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