Plus de 400 000 Européens s’opposent à la déréglementation des nouveaux OGM
07 Feb 2023 | French
Bruxelles, le 7 février 2023
Une coalition de plus de 50 organisations issues de 17 États membres de l’Union européenne a remis aujourd’hui une pétition à la Commission européenne demandant que la nouvelle génération d’organismes génétiquement modifiés reste “réglementée et étiquetée”. La pétition a été ouverte d’avril à novembre 2022 et a reçu 420 000 signatures, dont plus de 90,000 collectées en France.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a annoncé dans son dernier discours sur l’état de l’Union ainsi que dans le programme de travail 2023 qu’une proposition législative sur ce que l’on appelle les “nouvelles techniques génomiques” (NGT) serait lancée. Cette proposition, qui devrait être annoncée le 7 juin, exclura les nouveaux OGM des processus d’approbation de la législation européenne actuelle sur les OGM.
En attendant, il est crucial de maintenir le niveau d’attention des citoyens et citoyennes européens sur le sujet à l’égard de leur propre gouvernement. La pression exercée sur la Commission pour qu’elle maintienne la réglementation actuelle sur les nouveaux OGM doit provenir avec la même force de l’opinion publique et des institutions nationales, telles que le gouvernement allemand.
« L’exclusion des nouveaux OGM empêcherait les agriculteurs, les producteurs de denrées alimentaires, les détaillants et les citoyens d’opter pour des choix sans OGM. Nous avons le droit de décider ce que nous mangeons et faisons pousser dans nos champs », a déclaré Clara Behr, responsable politique et relations publiques de la Fédération biodynamique Demeter International.
Les organisateurs de la pétition ont rappelé à la Commission européenne qu’il existe un soutien massif de la part des citoyens européens et des scientifiques indépendants pour que la nouvelle génération de produits génétiquement modifiés reste soumise à des exigences en matière d’évaluation de la biosécurité, de traçabilité et d’étiquetage, conformément au principe de précaution.
Madeleine Coste, chargée de plaidoyer à Slow Food Europe, a déclaré : “Il n’y a pas de consensus scientifique sur la sécurité de ces nouveaux produits. Il est donc logique que tous les OGM fassent l’objet d’une évaluation stricte de leur sécurité et soient étiquetés comme génétiquement modifiés, afin de garantir la transparence de toute la chaîne d’approvisionnement pour les citoyens et les agriculteurs. Par ailleurs, il convient de mener davantage de recherches sur les risques des nouveaux OGM pour l’environnement, la biodiversité et la santé, sur leur impact socio-économique pour les agriculteurs et le système alimentaire, et sur le développement de méthodes de détection.”
Mute Schimpf, militante pour l’alimentation et l’agriculture aux Amis de la Terre Europe, a déclaré : « La Commission européenne semble prête à jouer avec notre alimentation, mais l’arrêt de la Cour de justice européenne de 2018 indique clairement que les soi-disant “nouvelles techniques génomiques” sont en fait des OGM et doivent rester réglementées par la loi actuelle sur les OGM. L’Europe et les Etats Membres doivent faire écho à l’arrêt de la CJUE et maintenir les contrôles de sécurité obligatoires, la transparence et l’étiquetage pour tous les OGM afin de protéger le droit des consommateurs et des agriculteurs à choisir ce qu’ils mangent et cultivent. »
Nina Holland, chercheuse à Corporate Europe Observatory (CEO), a déclaré : “Quelques grandes entreprises chimiques et semencières poussent l’UE à autoriser la mise sur le marché de nouveaux OGM sans contrôle. Ces entreprises font pression sur la Commission européenne depuis des années pour exclure les nouveaux OGM de la réglementation européenne, en faisant des déclarations non fondées sur les avantages supposés pour la durabilité. Mais comme elles détiennent également des brevets sur les semences conçues avec ces techniques, leur véritable motivation reste l’augmentation de leurs profits.”
Photos: https://flic.kr/s/aHBqjAraqa
FIN
Pour de plus amples informations ou des demandes d’interview :
– Alice Poiron, responsable communication chez Slow Food : [email protected]
– Clara Behr, responsable politique et relations publiques de Demeter : [email protected]
– Nina Holland, chercheuse et militante chez Corporate Europe Observatory (CEO) : [email protected]
– Mute Schimpf, Amis de la Terre Europe : [email protected], +32 4 75 70 34 75
Notes aux rédacteurs et informations générales :
– Vidéos réalisées par Slow Food et les Amis de la Terre, pour plus d’information sur ce que sont les nouveaux OGM et quels sont les enjeux liés à leur potentielle dérèglementation: https://youtu.be/BLAV-YTQ0q4
– Les décideurs européens doivent promouvoir et soutenir les solutions éprouvées pour une agriculture durable et résiliente au changement climatique, comme les pratiques agroécologiques et l’agriculture biologique, et protéger la liberté des sélectionneurs d’opérer sans être limités par la portée considérable des brevets sur les semences produites avec de nouveaux OGM.
– Briefing Demeter ici : Agriculture sans OGM | Demeter International
– Briefing sur les risques d’une concentration accrue du marché des semences : Comment les géants de la biotechnologie utilisent les brevets et les nouveaux OGM pour contrôler l’avenir de l’alimentation | Corporate Europe Observatory
– Rapport sur les conflits d’intérêts scientifiques. Le lobby est de plus en plus animé par des chercheurs et des instituts spécialisés dans les OGM ayant des liens avec l’industrie ou des intérêts particuliers. De nouvelles données révèlent qu’un nombre important de chercheurs qui font activement pression pour la déréglementation sont en conflit d’intérêts. Des chercheurs ayant des intérêts particuliers font du lobbying pour saper les règles de sécurité des OGM | Corporate Europe Observatory
– Briefing sur les risques environnementaux des nouveaux OGM : Les nouveaux OGM, une distraction risquée pour le climat et la sécurité alimentaire | Les Amis de la Terre Europe
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