Pacte vert pour l’Europe : il est temps d’accélérer la transition agroécologique

20 Apr 2021 | French

Donnez votre avis sur la mise à jour de la Stratégie thématique pour la protection des sols de l’Union européenne afin d’y intégrer des objectifs contraignants pour les États membres.

La formation des sols est un processus très lent : il faut environ mille ans pour obtenir cinq centimètres de terre fertile. Les sols détruits par les chantiers de construction par exemple sont pratiquement irrécupérables, ou uniquement au prix de travaux de restauration environnementale longs et complexes. Mais la construction n’est pas le seul secteur à blâmer : l’agriculture industrielle est également fortement responsable de la destruction des sols. « L’expansion de l’agriculture industrielle qui vise à maximiser les rendements est étroitement liée à l’utilisation de produits chimiques de synthèse, techniques de génétique et technologies récentes. Tout cela contribue au développement des monocultures qui ont des conséquences irrémédiables sur l’utilisation de l’eau et des sols et l’appauvrissement de la fertilité des terres, explique Marta Messa, directrice de Slow Food Europe. Comme le défend Slow Food, seules les pratiques agroécologiques permettent de préserver ou de régénérer la fertilité des sols, en limitant la monoculture et l’utilisation des produits chimiques de synthèse, en évitant le labour profond, en favorisant la rotation des cultures et en introduisant les engrais verts. »

Avec les stratégies En faveur de la biodiversité et De la ferme à la table, l’UE espère diminuer d’au moins 50 % les pertes de nutriments sans détérioration de la fertilité des sols d’ici 2030. C’est pourquoi il est important d’affirmer tous ensemble haut et fort que « l’UE a besoin d’un cadre spécifique juridiquement contraignant pour protéger les sols européens des menaces que représentent l’accaparement des terres et la détérioration et la contamination des sols, ajoute Mme Messa. La nouvelle Stratégie pour la protection des sols doit donc identifier l’agroécologie comme un outil indispensable à l’atteinte des objectifs fixés. » Cette stratégie a le potentiel de mettre l’Europe sur la bonne voie pour restaurer la fertilité des sols. Pour cela, il faut cependant que la Politique agricole commune s’aligne totalement sur la Stratégie de protection des sols, ainsi que sur les stratégies En faveur de la biodiversité et De la ferme à la table. La PAC absorbe 33,1 % du budget total de l’UE et il faut donc transformer les dispositions du Pacte vert en mesures concrètes.

Vous êtes tous invités à vous exprimer sur la Stratégie pour la protection des sols avant le 27 avril, en cliquant ici. 

La nouvelle Stratégie pour la protection des sols abordera les questions liées au sol et à la terre afin de parvenir à une situation de neutralité en matière de dégradation des terres d’ici à 2030, une des mesures phares des Objectifs de développement durable des Nations unies. Elle étudiera les solutions possibles pour préserver la fertilité des sols, réduire l’érosion et augmenter la teneur en matière organique des sols. Elle s’attaquera également à différents enjeux : comment recenser les sites contaminés, restaurer les sols dégradés et définir les conditions de « bon état écologique » des terres, ou encore comment améliorer la surveillance de la qualité des sols.

Les terres composées de moins de 2 % de matière organique —un pourcentage qu’on retrouve souvent dans les pays dominés par l’agriculture intensive, une forte utilisation d’agents chimiques et une mécanisation à outrance— sont pauvres, manquent de structure et se détériorent facilement. La moitié des pays européens ont un faible pourcentage de matière organique dans leurs sols, un appauvrissement impossible à compenser avec des engrais chimiques. Ce phénomène est plus marqué au sud de l’Europe, mais également dans certaines régions du Royaume-Uni et d’Allemagne.

La perte de biodiversité fragilise le fonctionnement de l’écosystème des sols. La transition agroécologique des systèmes alimentaires doit s’inspirer des 10 éléments de l’agroécologie et des 13 principes agroécologiques de la FAO, ainsi que des travaux du groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition du Comité mondial de la sécurité alimentaire. En bref, la chimie seule ne pourra pas sauver le sol, et la communauté scientifique en est bien consciente : fin mars, une étude réalisée par un groupe d’enseignants-chercheurs de l’université de Sydney publiée dans la revue Nature Geoscience  indiquait que 64 % des terres agricoles mondiales courent un risque de contamination par les pesticides, risque qui devient très élevé pour 31 % des terres, dont la majeure partie des sols européens.

« Pour atteindre ces objectifs, il est fondamental de reconnaître le rôle agroécologique primordial des petites exploitations dans la préservation de sols sains et leur potentiel pour assurer la transition de la communauté agricole étendue vers une gestion durable des sols. Il faut également mettre en avant le rôle des communautés locales dans la défense et la promotion de systèmes alimentaires justes et équilibrés. Le soutien des institutions publiques doit se diriger vers ceux qui s’engagent concrètement dans des pratiques de régénération des sols. » conclut M. Messa.

Pour en savoir plus sur notre prise de position vis-à-vis des stratégies En faveur de la biodiversité et De la ferme à la table

 

 

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