LE GREEN DEAL EUROPÉEN RISQUE D’ÊTRE MIS À MAL PAR LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE

19 Oct 2020 | French

Accord désastreux entre les principales forces politiques du Parlement européen sur la réforme de la PAC, en contraste flagrant avec les objectifs des stratégies européennes “From Farm to Fork” et “Biodiversité 2030”. Reddition inconditionnelle en faveur des grands lobbies de l’agriculture industrielle.

Les principales forces politiques européennes sont parvenues la semaine dernière à un accord sur le vote de la PAC qui, s’il est adopté par le Parlement européen en séance plénière à partir du 21 octobre, aura des conséquences désastreuses pour la protection de la biodiversité, de la nature et pour la lutte contre le changement climatique. Le vote aura lieu la même semaine que la réunion du Conseil européen des ministres de l’agriculture, dont la contribution sera cruciale pour l’élaboration d’une PAC ambitieuse sur le plan environnemental , même si pour l’instant, les gouvernements nationaux semblent déterminés à ne pas placer la barre très haute sur cette question.

L’accord, signé par les trois principaux groupes politiques européens, le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D) et Renew Europe ( Liberal), sur la prochaine politique agricole commune est très négatif pour l’environnement et risque de compromettre les efforts environnementaux de la nouvelle Commission européenne. Cette situation est vivement dénoncée par les principaux représentants de la société civile et des ONG environnementales de toute l’Europe : le Parlement européen risque de boycotter le processus du Green Deal européen et ses objectifs inscrits dans les récentes stratégies approuvées il y a quelques mois, celles sur la biodiversité 2030 et Farm to Fork.

Parmi les propositions les plus nocives convenues par le S&D, le PPE et Renew Europe, on trouve celle de ne pas allouer un budget spécifique à la protection de la biodiversité sur les terres agricoles – par la création d’étangs, de haies et de petites zones humides, comme le prévoit la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité pour 2030 – et de supprimer l’obligation de consacrer au moins 10 % des terres agricoles à la biodiversité. Ces éléments seraient nécessaires et essentiels pour sauver les nombreuses espèces menacées en Europe. Un autre élément déconcertant de l’accord est l’intention de supprimer l’interdiction de labourer et de convertir les prairies permanentes en sites Natura 2000, qui sont des zones protégées d’intérêt public et qui doivent rester protégées pour le bien des personnes, des animaux et de l’environnement.

Cet accord pourrait être dévastateur car il propose de détourner des ressources vers des pratiques “environnementales” que seules les grandes entreprises peuvent se permettre et dont les avantages environnementaux sont douteux, comme l’agriculture de précision. Ce type de greenwashing financé avec des fonds européens pourrait sérieusement pénaliser les exploitations consacrées à l’agriculture biologique et à l’agroécologie.

“Cette proposition – dit Marta Messa, directrice de Slow Food Europe et responsable du bureau de Slow Food à Bruxelles – est une déclaration de capitulation face à l’agriculture intensive et à un status quo qui favorise un groupe restreint et ne soutient pas tous les producteurs qui produisent des aliments et protègent l’environnement au quotidien par des pratiques agro-écologiques. Nous appelons les membres du Parlement européen à tenir les promesses faites aux citoyens européens lors des élections de 2019 – un engagement plus important et plus concret dans la lutte contre le changement climatique et la défense de la biodiversité. Et nous appelons également les citoyens européens à être vigilants et à participer aux processus qui déterminent l’avenir de notre alimentation, de notre planète et de notre avenir”.

Actuellement, plus de 35 % du budget total de l’UE, soit environ 60 milliards d’euros payés par les contribuables européens, sont consacrés chaque année aux subventions de la PAC, qui financent principalement l’agriculture intensive et industrielle.  Ce modèle de production est l’une des principales causes de la perte de biodiversité, de la pollution de l’eau et de l’air, et du changement climatique.

De nombreuses études et plus de 3600 scientifiques affirment que l’agriculture intensive pousse de nombreuses espèces vers l’extinction. Depuis 1980, l’UE a perdu 57 % de ses oiseaux agricoles, ainsi que des papillons, des abeilles et d’autres pollinisateurs, qui sont également en grave déclin.

Protéger la nature, c’est aussi protéger tous les agriculteurs engagés dans une transition agro-écologique engagée. Les citoyens le réclament partout en Europe, organisant des débats, des manifestations, des actions en ligne dans le cadre de la campagne “Good Food Good Farming” : les politiciens ne peuvent pas continuer à les ignorer en n’écoutant que les sirènes de l’agro-industrie.

 

Pour de plus amples information :

Bureau de Presse de Slow Food International
[email protected]
Paola Nano (+39 329 8321285) – Gioia Baggio (+39 349 9549799)

 

Slow Food est un réseau mondial de communautés locales, fondé en 1989 dans le but d’empêcher la disparition de cultures et traditions alimentaires locales, mais aussi de contrer l’avancée de la culture de la malbouffe. Depuis sa fondation, Slow Food s’est transformé en un mouvement mondial impliquant, dans plus de 160 pays, des millions d’individus œuvrant à assurer à chacun un accès à une nourriture bonne, propre et juste.

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