La Conférence des Nations Unies sur la Biodiversité (COP15) s’est clôturée hier. Un accord a été trouvé, mais il est temps d’y faire suite.
20 Dec 2022 | French
Slow Food salue l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité et réclame sa mise en œuvre effective.
La Conference mondiale sur la Biodiversité s’est conclue hier avec des lumières et des ombres.
La UNCBD est souvent qualifiée d’équivalent des négociations sur le climat en matière de biodiversité, le Cadre mondial pour la biodiversité post-2020 étant surnommé “l’accord de Paris pour la biodiversité”. La Cop15 avait une connotation particulière d’urgence, puisqu’il s’agissait de mettre en place des mesures mondiales pour atteindre les résultats fixés d’ici 2030.
Slow Food se dit satisfait de l’adoption du cadre de biodiversité fixant des objectifs et des cibles.
“Il est positif que le cadre mondial pour la biodiversité soit fondé sur une approche basée sur les droits de l’homme. Le cadre reconnaît le droit de l’homme à un environnement propre, sain et durable, et c’est certainement un résultat positif”, note Edward Mukiibi, président de Slow Food. “Plus tôt cette année, nous avons transmis aux décideurs nos demandes pour le Cadre mondial pour la biodiversité. Le texte négocié reprend nombre de nos demandes, avec des références fortes au rôle fondamental des peuples autochtones, à l’agroécologie et aux mécanismes d’incitation à la protection de la biodiversité. Comme Slow Food le proclame depuis des décennies, la biodiversité alimentaire et agricole est indispensable à la sécurité en matière de nourriture, au développement durable et à la fourniture de nombreux services écosystémiques vitaux. Alors que nous allons passer du texte du cadre mondial pour la biodiversité à sa mise en œuvre, je tiens à souligner à nouveau la nécessité de l’argent public pour les systèmes alimentaires agroécologiques : seuls les systèmes de production agroécologiques qui fournissent des aliments pour la consommation humaine et animale et qui contribuent à la durabilité socioculturelle, économique et environnementale des communautés devraient recevoir un soutien financier. Ce n’est qu’en accordant une reconnaissance institutionnelle et politique aux agriculteurs agroécologiques que nous pourrons atteindre les objectifs de la COP15″.
Le texte comprend un accord visant à éliminer les subventions néfastes pour la biodiversité, tout en appelant les pays riches à porter l’aide financière aux pays en développement à 20 milliards de dollars par an d’ici 2025, puis à 30 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Un autre résultat important est l’accord sur la protection d’un tiers de la surface de la Terre contre l’exploitation humaine qui a été conclu, appelé l’accord “30 by 30”, garantissant que 30 % des zones terrestres et maritimes seront effectivement conservées et aménagées d’ici la fin de cette décennie, et restaurant des milliards d’hectares d’écosystèmes, notamment des zones humides et des forêts tropicales.
Dalì Nolasco Cruz, membre du Indigenous Terra Madre Advisory Board et du Comité Diréctif de Slow Food, commente : “L’un des résultats positifs de cette COP, notamment dans la cible 3 sur la protection d’un tiers des océans et des territoires terrestres du monde, est qu’il a été possible d’inclure un langage fort sur les droits des peuples autochtones et des communautés locales, l’utilisation durable et coutumière des ressources naturelles, leurs connaissances traditionnelles, et sur le consentement libre, préalable et éclairé. Nous devons maintenant assurer la mise en œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité, car la crise environnementale ne se résout pas seulement sur le papier, et les peuples autochtones et les communautés locales sont historiquement en première ligne sur leurs territoires pour défendre la vie et la Terre Mère. Nous savons que nous avons de grands défis à relever pour parvenir à la mise en œuvre dans nos Pays, mais nous pouvons considérer cela comme un pas en avant”.
Bien qu’il s’agisse d’un accord historique, il n’est pas parfait. Par exemple, les entreprises sont seulement encouragées, et non obligées, à rendre compte de leur impact sur la biodiversité. La référence à la réduction de 50 % des risques liés aux pesticides ne fait pas référence à la réduction de leur utilisation globale, même si nous nous félicitons que cette référence n’ait pas été complètement supprimée, comme cela semblait être le cas lors des négociations.
Le résultat historique ne sera à la hauteur des attentes que s’il est mis en œuvre efficacement et que les ressources promises sont mobilisées en temps voulu. Malheureusement, l’accord ne comporte pas de mécanisme obligeant les gouvernements à intensifier leurs actions si les objectifs ne sont pas atteints. Les Pays doivent maintenant tenir leurs promesses en traduisant le cadre mondial pour la biodiversité en plans et politiques nationaux ambitieux. Notre mouvement mondial exige une action rapide de la part de tous les décideurs.
Depuis plus de 20 ans, Slow Food travaille sur la biodiversité qui sous-tend l’agriculture et la production alimentaire : espèces et variétés végétales, races animales, insectes bénéfiques, micro-organismes, écosystèmes, connaissances et culture. Vous pouvez découvrir nos revendications politiques dans notre document d’information et approfondir le sujet avec notre prise de position sur l’alimentation : Quand la biodiversité prospère, la planète prospère, qui souligne les principaux défis auxquels notre planète est confrontée et présente des solutions possibles, à commencer par les pratiques agroécologiques.
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