La Confédération paysanne et Slow Food pour le futur de l’agriculture

22 Sep 2015 | French

La Confédération paysanne, deuxième syndicat agricole français, défenseur d’une agriculture paysanne, était invitée par Slow Food à Cheese, la biennale du mouvement dédiée au lait sous toutes ses formes qui se tient à Bra (Piémont) du 18 au 21 septembre 2015. Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, s’est exprimé dans diverses conférences sur la fin des quotas laitiers, le TTIP et l’impact que ce traité pourrait avoir sur le contenu de nos assiettes, ainsi que sur l’industrialisation et la financiarisation de l’agriculture avec l’exemple emblématique des 1000 vaches, projet de ferme-usine dans le nord de la France contre lequel la Confédération paysanne s’est fortement mobilisée depuis plus de deux ans.

A cette occasion, Carlo Petrini, président de Slow Food et Laurent Pinatel font cette déclaration commune : 

« L’agriculture européenne traverse actuellement une des plus graves crises qu’elle n’ait jamais connue. L’avenir de dizaines de milliers de paysans européens est actuellement en jeu, destins étroitement liés à la vie des territoires, la qualité de l’alimentation, la vitalité de l’économie rurale et agro-alimentaire, etc.

Nous vivons une période charnière pour l’occident à la limite de la rupture de civilisation. A la croisée des chemins, nous devons faire le choix entre une agriculture qui transformerait les fermes en usines et qui par la même occasion finirait d’exterminer la paysannerie ici et ailleurs, qui est, rappelons-le, la base et l’origine de toute culture. Ou une agriculture enracinée territorialement, où l’homme en osmose avec son environnement naturel, avec son cadre de vie, pourrait tirer de la nature, la quintessence de son travail et de la terre pour se nourrir et nourrir ses concitoyens.

Nous ne pouvons que constater que les politiques agricoles mises en place depuis 40 ans favorisent la destruction exponentielle de la paysannerie et de tout le patrimoine culturel qu’elle porte. La crise actuelle n’est pas tombée du ciel, elle est notamment le résultat des réformes successives de la PAC depuis 40 ans et en particulier de la gestion des quotas laitiers, de l’intégration de l’agriculture et l’alimentation dans l’arène impitoyable du commerce mondial, et bien que nos réseaux aient réussi jusque là à endiguer certaines offensives ultralibérales, nous sommes aujourd’hui gravement menacés par les accords de libre-échange Europe / Canada / États-Unis communément appelés TAFTA et CETA qui finiraient d’achever la paysannerie.

Nous ne faisons pas de la conservation pour mettre sous cloche des souvenirs du passé. Nous ne faisons pas de la résistance à un progrès inéluctable auquel nous ne voulons pas nous adapter. Non, nous sommes ce progrès inéluctable face auquel la civilisation industrielle résiste, nous sommes porteurs de solutions d’avenir pertinentes d’un point de vue politique, économique, social, environnemental, territorial, énergétique, sanitaire, climatique, géopolitique, culturel, voire même philosophique. Le secteur péjorativement appelé « primaire » depuis l’éruption de nos sociétés industrielles doit devenir « le premier des secteurs » si nous avons l’ambition d’assurer un avenir pour les générations futures. 

En effet, l’industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation est responsable de 50% des émissions des gaz à effet de serre. Par ailleurs, une augmentation de la température au-delà des 2°C fatidiques, c’est l’outil de travail des paysans lui-même qui serait menacé, c’est la capacité de nourrir les populations qui serait en jeu. L’enjeu climatique ne nous laisse plus aucune autre alternative : nous devons changer de paradigme.

C’est pourquoi, nous appelons à un changement de cap radical des politiques agricoles et alimentaires pour ouvrir la voie à ces horizons si prometteurs pensés et proposés par Slow Food et par la Confédération Paysanne. Des pionniers et entrepreneurs ont depuis des dizaines d’années pris d’autres chemins que celui imposé de l’industrialisation. Les solutions existent un peu partout sur la planète telles des lanternes à suivre pour revisiter profondément notre modèle agricole et alimentaire. Il n’y a rien à inventer, il faut juste mettre en pratique ! ».

Pour en savoir plus, contactez le service de presse de Slow Food International :

Paola Nano, +39 329 8321285, [email protected] 

Slow Food implique des millions d’individus dédiés et passionnés par une nourriture bonne, propre et juste. Son réseau est constitué d’amateurs, de chefs, d’experts, de jeunes, de producteurs, de pêcheurs et d’universitaires de plus de 150 pays. Elle compte 100 000 membres dans le monde entier, réunis dans 1500 antennes locales. Le revenu de leurs adhésions permet de financer l’association et de participer à de nombreux événements organisés à l’échelle locale. Le réseau comprend également les 2000 communautés de la nourriture Terra Madre, dédiées à une petite production alimentaire durable.

 

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