La cérémonie d’ouverture du Salone del Gusto et Terra Madre 2012 s’est tenue hier soir au Palaolimpico à Turin. Discours, musique et spectacle se sont succédés devant une audience composée de communautés du goût, bénévoles et grand public.
Ce matin une deuxième inauguration a eu lieu au Parc des expositions Lingotto marquant ainsi l’ouverture officielle de l’évènement au public.
José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) fut le premier intervenant à prendre la parole. Il a mis en évidence les liens étroits existant entre Slow Food et la FAO et a insisté sur le problème de la faim dans le monde. “Nous pouvons unir nos forces dans la lutte pour l’accès à une nourriture suffisante pour tous.” a-t-il déclaré. Il a aussi mentionné le gaspillage alimentaire comme étant un problème d’importance cruciale. “Si nous parvenons à réduire de moitié le gaspillage alimentaire, nous aurons assez pour nourrir 1 milliard de personnes supplémentaires” a-t-il rappelé. Da Silva a conclu son discours avec un message fort : “Quand on parle du problème de la faim, le seul chiffre acceptable est zéro.”.
Plusieurs invités sont ensuite montés sur scène tour à tour. A travers leurs récits provenant des quatre coins du globe, ils ont fait passer un message à la fois de révolte et d’espoir, avec pour fil conducteur les « mots de Terra Madre », ces thèmes clés qui rappellent les principales préoccupations du mouvement Slow Food : terre, semence, eau, faim, éducation, biodiversité, énergie et réseau.
Carlos Vanegas Valdebenito, Chiloé Island (Chili) a prononcé un discours très poétique sur la Terre. L’activiste indienne et vice-présidente de Slow Food, Vandana Shiva, a parlé des semences et des cas tragiques de suicides de paysans dans son pays, ainsi que du scandale de la bio-piraterie. Carmen Martinez, représentante de la Sentinelle Slow Food Amaranthe du Tehuacan (Mexique) a abordé la question de l’eau. Dario Fo, Prix Nobel de littérature a illustré la faim avec une performance d’acteur dans un style proche de la Commedia dell’Arte. Après l’interlude musical de Roy Paci accompagné d’un groupe de musiciens multi-ethnique, Nikki Henderson du People’s Grocery à Oakland, California et Alice Waters chef et vice-présidente de Slow Food ont abordé le thème de l’éducation. Sergej Ivanov de Serbie a parlé de biodiversité, Yoko Sudo, de Fukushima (Japon) d’énergie. Edward Mukiibi, le coordinateur de Mille Jardins en Afrique, témoignait pour le mot « réseau ».
La cérémonie a pris fin avec le discours du président et fondateur du mouvement Slow Food, Carlo Petrini, qui a parlé de la nature politique du mouvement: “Ces dernières années, Terra Madre a été perçu comme une curiosité anthropologique et folklorique. Non. Cette réalité doit être perçue en tant que grand phénomène politique.” Quoi qu’il en soit, a-t-il précisé, la dimension politique de Terra Madre s’exprimera avec sérénité et dans un esprit de fête. “La crise ne sera pas surmontée par la tristesse. A Terra Madre, la politique et la joie avancent main dans la main.”
Plusieurs représentants politiques étaient présents jeudi matin pour l’ouverture officielle au public. Piero Fassino, Maire de Turin, a pris la parole, suivi de Roberto Cota, Président de la Région Piémont, puis de Mario Catania, Ministre italien de l’Agriculture, qui a décrit les efforts du gouvernement pour remettre sur le devant de la scène politique les questions d’agriculture et suivre la vision du monde de la nourriture et de l’agriculture dessinée par Slow Food. Carlo Petrini a loué la compréhension que le Ministre a de l’agriculture et a souligné que l’union du Salone del Gusto et de Terra Madre marquait le début d’une aventure extraordinaire. Sa mission, a-t-il dit, est d’en faire « le plus grand évènement gastronomique et alimentaire du monde ».