Terra Madre Salone del Gusto 2020 en direct!
26 Oct 2020
Malgré les difficultés posées par le Covid-19, l’esprit Slow Food a parcouru le monde entier à travers des évènements physiques et en ligne, durant les cinq premiers jours de Terra Madre. L’évènement durera jusqu’en avril 2021.
Délégués, adhérents et militants du réseau Terra Madre se sont rassemblés pour faire avancer un grand projet collectif, sensibiliser le public sur les problématiques chères à Slow Food, d’autant plus depuis que tous les projecteurs sont braqués sur la pandémie actuelle : les cinq premiers jours de cette treizième édition de Terra Madre Salone del Gusto ont confirmé l’intuition des organisateurs (Slow Food, la région Piémont et la ville de Turin), qui ont fait le choix de proposer un évènement révolutionnaire en termes de contenus et de structure.
Même par ce nouveau format, l’évènement a su préserver l’esprit unique des éditions précédentes : cette capacité à aborder les problématiques urgentes, comme la perte de biodiversité et la crise climatique, par le prisme de l’alimentation, lors de conférences d’experts internationaux. Tous ont ainsi réaffirmé que garantir une alimentation bonne, propre et juste à tous est le seul et unique moyen de sortir de la crise actuelle, et de résoudre les inégalités économiques et sociales causées par les systèmes actuels dominant la production, la distribution et la consommation alimentaires.
Ce nouveau format nous permet de toucher un public plus large à l’échelle mondiale : nos contenus en ligne sont disponibles dans plusieurs langues sur la plateforme www.terramadresalonedelgusto.com. Nous avons lancé une collecte de fonds pour Soutenir Slow Food : Agir ensemble pour le bien commun, et financer Terra Madre et les projets de Slow Food menés dans le monde entier.
« Les premiers jours de l’évènement ont posé un jalon important : nous avons testé les formats en ligne, vérifié la possibilité d’organiser des évènements en présentiel en toute sécurité et, avant tout, confirmé notre capacité à préserver l’âme de Terra Madre. Durant les éditions précédentes, le dialogue, le contact et les heures passées ensemble nous permettaient de ressentir cette magie qui a enfanté de si nombreux projets, de si nombreuses relations et garanti la consolidation du réseau Slow Food. Les retours de ces premiers jours confirment que nous sommes sur la bonne voie : l’énergie qui parcourt Terra Madre parvient à surmonter la distanciation physique et nous promet six mois d’évènements qui laisseront une trace, » commente Paolo Di Croce, secrétaire général de Slow Food.
On retrouve notamment cette énergie dans l’alliance contre la précarité alimentaire formée par trois grandes villes du nord de l’Italie (Milan, Turin et Gênes), à l’initiative de leurs maires respectifs Giuseppe Sala, puis Chiara Appendino et Marco Bucci. Cette alliance s’appuie sur des projets concrets (actions contre le gaspillage, collecte des surplus alimentaires et éducation alimentaire), ou par exemple le Manifeste pour un vin bon, propre et juste, lancé par Slow Wine à l’occasion du salon Sana à Bologne.
Faire entendre les voix du monde entier
Les histoires et suggestions du réseau Slow Food n’ont pas manqué, à commencer par celle de l’environnementaliste indienne Sunita Narain, directrice générale du Centre pour la Science et l’Environnement, qui a participé à la prise de parole asiatique lors du Relai mondial : « En Inde, où je vis et travaille, l’impact du changement climatique sur nos vies est très visible. Il affecte les plus pauvres, il affecte les plus marginalisés. Il faut le dire clairement : si les victimes du changement climatique sont aujourd’hui les pauvres, demain, elles seront aussi les riches. »
« Il est urgent de repenser ce modèle de société, car tout le monde s’accorde à dire que le plat le plus goûteux et le plus nourrissant est celui qui est aussi le plus varié et le plus coloré, mais on n’applique pas ce même principe sur le plan social. Et nous, nous avons peur des monocultures et de leur inévitable emprise. Car n’importe quel type de monoculture tue » a également souligné Célia Xakriabá, leader indigène du peuple Xakriabá, intervenue depuis le Brésil durant la prise de parole sud-américaine.
« L’humanité considère depuis toujours l’alimentation comme un élément précieux, mais lui retire subitement toute sa valeur. On en est venu à attendre de notre nourriture qu’elle soit économique, rapide et facile à manger. C’est de ce constat que part notre révolution de l’alimentation lente, une alimentation qui reprend de la valeur et s’orne des principes de protection, de nutrition, d’égalité et de respect de la diversité. Il n’existe pas de meilleur canal que le système scolaire public pour diffuser ces principes, » a poursuivi Alice Waters, cheffe et auteure américaine, militante de l’éducation alimentaire, à l’occasion de la prise de parole nord-américaine.
Parmi les contributions les plus significatives, l’intervention de Fritijof Capra, physicien, économiste et auteur autrichien, qui a inauguré la série des Food Talks par une réflexion sur le Covid-19 : « Nous devons interpréter le coronavirus comme une réponse biologique de Gaia, notre planète vivante, à l’état d’urgence écologique et sociale dont le genre humain est responsable. Cette contagion issue d’un déséquilibre écologique a des retombées dramatiques au niveau social et économique. […] En temps de pandémie, les comportements éthiques, visant le bien commun, deviennent une question de vie ou de mort, car on ne peut échapper à une pandémie comme le Covid-19 que par des actions collectives et par la coopération. »
Le sentiment de fraternité liant les délégués et militants, basé sur le partage d’idées et de visions capables de transcender les langues et les frontières, a traversé le réseau numérique des Forums, Food Talks, du Relai et des conférences. Ces derniers jours, les thèmes chers à Terra Madre Salone del Gusto ont résonné en Grande-Bretagne, à l’occasion de Terra Madre Fringe ; en Allemagne, où des activités se sont tenues pour sensibiliser les citoyens à l’impact de la PAC (Politique agricole commune) dans nos assiettes ; aux Philippines, qui ont inauguré six mois d’évènements sur la sécurité alimentaire en situation de crise ; au Monténégro, avec les 40 artisans du Marché de la Terre des produits traditionnels de Bijelo Polje ; et au festival Rebato de Castielfabib, en Espagne, au sein d’un dialogue ville/campagne.
« La propagation continue du virus, qui affecte le monde entier, y compris l’Italie, a confirmé la décision prise au printemps : accueillir des milliers de délégués venus des quatre coins du monde aurait été impossible, et même un évènement de taille réduite n’aurait pas été faisable dans des conditions sanitaires sures, poursuit Paolo di Croce. Dans les activités proposées ces cinq premiers jours, nous avons trouvé de nouveaux outils et langages pour atteindre les objectifs de Terra Madre et nous œuvrons actuellement à enrichir le programme des six mois à venir. En attendant, le programme des prochains jours est déjà bien rempli : Terra Madre Salone del Gusto, ça commence aujourd’hui ! »
L’aventure Terra Madre continue, avec des évènements physiques et des évènements en ligne auxquels chacun peut participer depuis chez soi. Parmi les temps forts :
- Regardez ici la conférence 20 Years in the Name of Biodiversity (20 années pour la biodiversité, qui s’est tenue le 17 octobre), durant laquelle Slow Food a fait le bilan des Sentinelles et de l’Arche du Goût : où en sommes-nous et que nous réserve l’avenir. Cette conférence a également été l’occasion de lancer le nouveau logo des Sentinelles Slow Food et du millième produit italien à bord de l’Arche du Goût.
- Les 23 et 24 octobre, nous abordons les politiques alimentaires avec les administrateurs des villes signataires, ou en passe de le rejoindre, du Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan et les délégués Slow Food rassemblés à Terra Madre Bergame. Deux journées, organisées par la Ville de Bergame, la Ville de Milan et la région Lombardie, durant lesquelles nous échangerons sur les manières de nourrir les grandes villes sans épuiser les ressources de la planète.
- Ne manquez surtout pas la troisième édition de Terra Madre Brazil du 17 au 22 novembre. Prendront part aux rencontres virtuelles les agriculteurs, militants, pêcheurs, fromagers, apiculteurs, quilombolas (descendants des anciennes communautés d’esclaves), peuples autochtones, journalistes et chefs qui constituent le réseau Slow Food. Trois grands thèmes à l’affiche : culture alimentaire et biodiversité, éducation et souveraineté alimentaires (notamment à l’école) et mobilisation de la société civile.
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