Terra Madre Burkina Faso : l’événement international de Slow Food, pour la première fois en Afrique de l’Ouest
23 Jan 2017


Hier a eu lieu, à Ouagadougou, la conférence de présentation de Terra Madre Burkina Faso, la première réunion de la communauté ouest-africaine, qui se déroulera du 3 au 4 février dans la capitale. L’évènement a été organisé par la Fondation Slow Food pour la Biodiversité avec le soutien des Fondations pour l’Afrique Burkina Faso, collectif de 28 fondations bancaires associées à l’Acre, qui promeuvent le droit à l’alimentation.
Comme tous les pays africains, le Burkina Faso a dû faire face aux défis de l’histoire. Après une période de colonisation française, de la fin du XIXe siècle à 1960, ce pays a lentement cherché une nouvelle forme d’autodétermination. Une ère d’instabilité ponctuée de coups d’état et d’actions militaires a précédé les années de la révolution menée par Thomas Sankara. Son approche révolutionnaire s’appliquait notamment aux politiques agroalimentaires : il a commencé à travailler avec son ami Pierre Rabhi à l’élaboration d’une réforme agraire basée sur des principes agroécologiques et sur la souveraineté alimentaire. Mais cet élan est coupé brutalement en 1987, par l’assassinat de Sankara.
Au Burkina Faso, le réseau Slow Food essaie de redonner leurs lettres de noblesse aux produits locaux et à des techniques de production extraordinaires, issues d’un vaste métissage d’ethnies et de cultures.
Les 3 et 4 février, Terra Madre Burkina Faso présentera le fruit de plusieurs années de travail intense. Un travail qui nous a poussés à connaître et cartographier les produits autochtones du pays, à impliquer les communautés de la nourriture, à créer deux Sentinelles, à donner vie à 120 jardins communautaires et scolaires et à combattre aux côtés d’autres organisations l’emploi d’OGM.
L’événement, organisé dans le cadre de l’initiative Fondations pour l’Afrique Burkina Faso, réunira petits producteurs et agriculteurs, chefs, chercheurs, étudiants, agronomes, journalistes, artistes et consommateurs.
À cette occasion, un marché de produits de la communauté de la nourriture locale sera installé, où seront rassemblés les producteurs et transformateurs de nombreux territoires du pays et les communautés liées au projet des 10 000 jardins en Afrique. Un parcours thématique permettra aux visiteurs de découvrir la valeur de la biodiversité locale à travers les vingt produits de l’Arche du Goût et deux nouvelles Sentinelles Slow Food seront inaugurées : le riz rouge de Comoé, (née grâce au soutien de la Région Piémont) et l’igname d’Arbollé (soutenue par les Fondations pour l’Afrique – Burkina Faso). L’institut français Centre George Méliès accueillera le vendredi 3 février la projection du documentaire « La guerre des graines », réalisé par Clément Montfort et Stenka Quillet, qui étudie la situation mondiale du marché des semences. Le débat sur ce thème sera prolongé au-delà de cette soirée, par d’autres moments de rencontre organisés le lendemain, auprès de la Maison du peuple. Les thèmes de l’agroécologie et des produits locaux, l’importance des semences et la consolidation de la souveraineté alimentaire des populations locales seront également abordés. Le chanteur Hado Ima viendra clore l’événement par sa musique inspirée de proverbes anciens. Il évoque depuis toujours dans ses chansons des thèmes universels comme le droit à l’eau et à la terre, le rôle des femmes, la paix ou l’amour.
« Le temps est venu pour le Burkina Faso, a déclaré Carlo Pertini, président de Slow Food International, de repenser son patrimoine alimentaire, gastronomique et traditionnel, avec fierté. Une fierté que le pays pourra retrouver en reniant l’approche occidentale qui dédaigne l’agriculture vivrière en la considérant comme misérable et ne reconnait pas le développement s’il n’engendre pas de profits. Notre époque a créé de nouveaux paradigmes et il n’est plus nécessaire de reproduire toutes les erreurs du vieil occident pour trouver sa voie. »
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