Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial: Un programme FAO en lien avec Slow Food

06 Déc 2017

Agriculture andine dans la région de Cusco-Puno, Pérou, site SIPAM depuis 2011

Agriculture andine dans la région de Cusco-Puno, Pérou, site SIPAM depuis 2011

De nombreux systèmes agricoles et paysages ont été développés, façonnés puis entretenus dans le monde grâce à l’incroyable capacité d’adaptation de générations d’agriculteurs et d’éleveurs au fil du temps. S’appuyant sur leurs expériences et leurs connaissances traditionnelles, ces artisans du vivant ont mis au point des systèmes agricoles reflétant l’évolution de l’humanité, l’étendue de ses connaissances et sa relation profonde avec son environnement naturel.

Les systèmes du patrimoine agricole mondial ont non seulement donné naissance à certains des paysages les plus remarquables mais ils ont aussi été à la source de la domestication de la biodiversité agricole mondiale, de la sauvegarde des connaissances traditionnelles et des écosystèmes les plus résilients assurant en aujourd’hui la sécurité alimentaire de millions de petits agriculteurs et leurs communautés.

Afin de sauvegarder et de soutenir ce patrimoine agri-culturel mondial (c’est-à-dire considérant la dimension culturelle et sociale comme intégrante d’un système agricole), la FAO a lancé une Initiative afin d’identifier et de promouvoir la conservation dynamique des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) en 2002. L’initiative SIPAM, qui est aujourd’hui un programme officiel de la FAO, favorise la compréhension, la sensibilisation et la reconnaissance au niveau national comme international de ces systèmes.

Ainsi, le programme a pour but de promouvoir la conservation dynamique de ces systèmes afin de protéger les biens et services sociaux, culturels, économiques et environnementaux essentiels fournis aux agriculteurs familiaux, aux petits exploitants, aux peuples autochtones et aux communautés locales qui les font vivre.

La conservation dynamique vise à soutenir ces sites afin de faire face aux menaces et défis actuels tout en protégeant leur valeur intrinsèque. En d’autres termes, le programme vise à promouvoir la conservation, la gestion adaptative et même le développement de ces sites afin de pouvoir conserver leur essence dans le temps. C’est ici que le programme SIPAM et Slow Food rejoignent leurs efforts pour documenter et sauvegarder les produits alimentaires et agricoles menacés d’extinction.

La sélection et l’évaluation des sites SIPAM sont basées sur les critères suivants: la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance fournis par le système, son agro biodiversité, les connaissances et techniques agricoles traditionnelles liées, les valeurs culturelles qui sont rattachées au système et enfin les caractéristiques du paysage terrestre et marin.

La reconnaissance d’un site SIPAM lui confère une reconnaissance internationale pour sa richesse agri-culturelle. Le programme attend de ses pays membres qu’ils proposent un plan d’action pour mettre en place une conservation dynamique du site. Ces mesures peuvent différer d’un site à l’autre, mais elles visent toutes à répondre aux besoins du système et de sa collectivité. Ces actions peuvent couvrir l’appui technique aux membres de la communauté ainsi que le développement d’aires protégées, d’activités agrotouristiques, l’établissement de banques de gènes pour la conservation des variétés endémiques et menacées ainsi que l’utilisation de labels SIPAM pour identifier et promouvoir des aliments sains issus de savoir-faire traditionnels.

Rizières Longji en Chine

Rizières Longji en Chine

A ce jour, 44 sites ont été reconnus comme sites SIPAM autour du monde regroupant une grande variété de systèmes, d’écosystèmes et de cultures associées. La description des sites peut être consultée sur la page internet dédiée au programme.

Le quatrième atelier international SIPAM s’est tenu en septembre dernier à Pékin. Cet atelier a été organisé afin d’encourager les gouvernements nationaux à lancer, mettre en œuvre et gérer le programme SIPAM dans leurs pays respectifs. Une trentaine de participants provenant de 23 gouvernements et institutions de recherche y ont participé. En outre, les pays membres du SIPAM ont participé à la foire internationale du commerce à Pékin afin d’exposer les productions alimentaires et artisanales locales issues des sites SIPAM dont les systèmes de production traditionnels ont été présentés. L’Espagne et l’Italie étaient présentes en tant qu’observateurs afin de témoigner de leur intérêt pour le programme. En effet, l’Italie a signé un mémorandum d’accord avec la FAO s’engageant à s’impliquer davantage dans le développement du programme sur son territoire.

Enfin, l’Espagne vient de voir acceptés les deux dossiers de candidatures soumis cette année. Le système de production saline dans la vallée de l’Añana, qui a été enregistrée sur l’Arche du Goût en tant que produit autochtone depuis 2006 et une Sentinelle Slow Food en 2012, est officiellement devenu site SIPAM ce mois-ci. La production de raisins Muscatel de l’Axarquia a également été reconnue par la FAO faisant de l’Espagne la pionnière des reconnaissances SIPAM sur le continent européen.

Le programme SIPAM cherche activement à impliquer davantage de pays dans le projet et s’efforce d’atteindre ses objectifs de protection, de promotion et de pérennisation des systèmes agricoles traditionnels.

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