Sentinelles Slow Food des prud’homies de patrons pêcheurs menacées.

17 Fév 2020

Les prud’homies sont des communautés locales de pêcheurs artisans qui élisent en leur sein des prud’hommes chargés de réglementer l’exercice du métier sur leur territoire, et de juger et sanctionner les contrevenants afin de régler les éventuels conflits.

C’est une gestion collective qui cherche à préserver une activité artisanale, respectueuse des hommes, de leurs savoir-faire, et des caractéristiques des zones et des ressources marines. D’origine médiévale, ces institutions échelonnées sur le littoral méditerranéen français ont su préserver une gestion pointue pour l’usage d’une grande diversité de techniques peu intensives.

Mais la pêche professionnelle artisanale en Méditerranée française est menacée par les règlementations européennes, nationales et régionales qui tendent à favoriser les gros armements et les pêches intensives. Localement, les prud’homies rencontrent de nombreux obstacles pour conserver leurs usages (accès aux ports, infrastructures…). A Sanary, la première prud’homie sentinelle Slow Food, la municipalité tente même d’interférer dans le fonctionnement prud’homal, mettant à mal la survie des pêcheurs.

Afin de soutenir ces pêcheurs artisans et leur organisation professionnelle, l’Association      « L’Encre de Mer», partenaire de Slow Food, a lancé une pétition destinée au Ministre français de la pêche.

N’hésitez pas à la signer et la faire signer :

Voici les termes de notre pétition :

La réglementation de la petite pêche artisanale qu’elle soit internationale (réglementation du thon), européenne, nationale, régionale ou locale doit être cohérente et adaptée à l’exercice de petits métiers côtiers polyvalents.

Aujourd’hui, les pêcheurs professionnels subissent un empilement de règlements conçus pour des gros bateaux et pour des pêches intensives. Et leur polyvalence est réduite par l’interdiction de techniques, et par la limitation d’accès à certaines espèces au profit principalement de grosses unités. Il en résulte une tendance à la baisse du chiffre d’affaire et un accroissement de la pression sur les seules espèces accessibles. width=

Les conditions d’exercice doivent être adaptées à des sorties journalières, sur des embarcations de petite taille, par des équipages réduits (de un à trois hommes à bord), et leurs coûts doivent être en rapport avec les chiffres d’affaire de ces unités.

Aujourd’hui, les normes imposées (traçage électronique des navires, pesée à bord, glaçage et conditionnement par espèce, rédaction de documents de bord, annexe de sécurité, balisage des engins de pêche, détection d’amiante, ports de débarquement…) sont copiées sur celles des grands navires. Elles sont généralement inadaptées, voire totalement inadaptables, et leurs coûts cumulés sont prohibitifs.

Nous demandons que l’administration des pêches conforte la gestion collective prud’homale qui a su démontrer son efficacité au cours des siècles dans la préservation des zones et des ressources littorales afin qu’elle puisse garder sa souplesse, sa forte réactivité, son adaptation aux multiples savoir-faire et techniques, et qu’elle soit à l’abri des pressions diverses (communales, industrielles…).

En incitant les pêcheurs à recourir à une grande diversité de techniques artisanales afin d’exercer une pression limitée, et modulée dans le temps, sur les zones et les espèces, cette gestion prud’homale est remarquablement bien adaptée aux fonds côtiers rocheux et lagunaires de la Méditerranée. Aujourd’hui, les pêcheurs sont soumis à de multiples dispositifs de gestion environnementaux (européens, nationaux, régionaux, locaux) dont les effets sur le terrain sont trop souvent contraires aux objectifs affichés (destruction et remplacement de petits bateaux qui sortent sporadiquement par de grandes unités de pêche intensive, poursuite de rejets toxiques dans le parc national des calanques…).

Enfin, pour assurer l’avenir de la pêche artisanale méditerranéenne, nous demandons des mesures destinées à:

– compenser l’augmentation des journées d’intempérie, liée au changement climatique,

– prévoir la formation des jeunes,

– aider au travail des prud’hommes dans le cadre institutionnel actuel,

– assurer une coopération étroite avec les scientifiques sur la connaissance des milieux naturels et leur évolution,

– aménager les infrastructures nécessaires au bon déroulement du métier…

 

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