Semaine pour les alternatives aux pesticides : l’agroécologie au secours de la biodiversité

25 Mar 2017

 width=Slow Food participe à la semaine internationale pour les alternatives aux pesticides organisée par le Réseau d’action contre les pesticides et d’autres organisations. Dès aujourd’hui, des évènements locaux, projections, conférences, séminaires et marchés tenteront d’informer les consommateurs des risques liés à l’utilisation des pesticides pour l’environnement et la santé, en les encourageant à privilégier des solutions alternatives.

Désormais, les dommages causés par les pesticides sont scientifiquement prouvés: insecticides, herbicides et fongicides polluent l’environnement, mettent en danger notre santé, déstabilisant les écosystèmes et réduisant la biodiversité. Pourtant, pour garantir des normes de production élevées, une grande partie du secteur agricole continue à faire un large usage de ces produits.

Des solutions alternatives existent, mais il ne s’agit pas seulement de différentes pratiques agronomiques: il faut un changement radical dans le système de production et de la consommation de nourriture.

Le système agricole actuel a pris les caractéristiques de l’industrie : ses principaux objectifs sont d’augmenter les quantités produites, de maximiser les rendements et atteindre les marchés internationaux. Un modèle basé sur l’utilisation croissante des dérivés du pétrole (pour les pesticides, les engrais et les carburants) et sur l’exploitation inconsidérée des ressources naturelles telles que le sol, l’eau, les forêts, les océans, traitées comme des marchandises à consommer.

Slow Food, avec de nombreuses autres organisations, promeut un chemin différent, qui met l’accent sur la valeur de la nourriture et la dignité de ceux qui la produisent. Un modèle bien résumé par l’agroécologie, capable de fusionner aspects sociaux, environnementaux, culturels et économiques. A la base de ce changement, il y a plusieurs facteurs: la redécouverte des territoires, la défense de la fertilité des sols et de la biodiversité, la réduction des déchets alimentaires, la promotion de régimes alimentaires plus sains et durables (par exemple, grâce à une réduction drastique de la consommation de viande), un étiquetage clair (qui raconte également la technique de cultivation et indique tous les produits utilisés pour protéger les cultures), la récupération des savoirs traditionnels et, en parallèle, plus d’investissement dans une recherche publique qui réponde principalement aux besoins des citoyens. Dans ce cadre, une réduction drastique des pesticides est plus que réaliste.

Et il y a déjà beaucoup de producteurs en mesure de témoigner qu’on peut le faire: il est possible de bannir la chimie de synthèse des champs, sans compromettre la production.

Dans la petite ville de Thénac, à environ 100 km de Bordeaux, François de Conti cultive sa vigne sans aucun traitement chimique.

« Aujourd’hui, certains vignobles bio réussissent à produire des cultures de meilleure qualité et au rendement plus élevé que leurs homologues conventionnels. Ce résultat est notamment dû au fait que ces producteurs sont capables d’identifier les problèmes sur la vigne avant qu’ils se développent et se répandent. Sur mon vignoble, je suis attentif à tout l’écosystème environnant : il arrive d’identifier des maladies sur les plantes voisines avant qu’elles attaquent la vigne. Il faut être très vigilant et posséder des connaissances techniques pointues, mais l’avantage est de pouvoir aller au-delà de l’élimination des pesticides et autres traitements chimiques, en apprenant à connaître et protéger tout l’écosystème ».

Mimmo Coppola, qui dirige une entreprise agricole biologique dans la région de Trapani (Italie) est encore plus radical : « Adopter une agriculture alternative et biologique n’est pas seulement possible, c’est indispensable. Je suis technicien avant d’être agriculteur, et je connais bien les ravages de tous les produits chimiques utilisés dans l’agriculture conventionnelle ». Son exploitation comprend 100 hectares sur lesquels il cultive par rotation des variétés de céréales anciennes telles que timilia, maiorca, biancollila et petit épeautre, ainsi qu’une variété locale de tomate pizzutello, du melon cartucciaro (Sentinelle Slow Food), des fèves San Pantaleo, de l’ail de Nubia (Sentinelle Slow Food) et la lentille de la Vallée d’Erice.

« J’aime tout ce que le progrès détruit, conclut-il. Je me procure des semences antiques auprès d’anciens producteurs, je les reproduis au sein de mon exploitation et j’essaie de maintenir en vie cette culture en utilisant uniquement des remèdes traditionnels, tels que l’ail macéré ou la pierre broyée. Les traditions et connaissances antiques peuvent nous sauver de cet empoisonnement collectif moderne. Bien sûr, il faut de la patience et beaucoup de travail. Si l’agriculture industrielle ne poussait pas à la surproduction, entraînant la chute des prix des aliments, nous, les agriculteurs biologiques, pourrions continuer à faire notre travail et prouver qu’il est possible de cultiver sans pesticides en respectant l’environnement et la santé. »

Piero Sardo, président de la Fondation Slow Food, affirme : « La création d’un rapport équilibré entre l’homme et la nature représente le grand défi à relever pour garantir la survie de notre espèce. Je crois que sur ce point, nous sommes tous d’accord. Pourquoi est-il donc si difficile d’accepter le fait que la culture, l’élevage et l’alimentation doivent s’organiser en harmonie avec la biodiversité, la salubrité de l’eau et de la terre ? Les pesticides n’ont rien à faire dans cette vision du monde. Il faut trouver le temps et les moyens de les bannir une fois pour toutes, sans désavantager les agriculteurs et les citoyens. »

 

Lire le document de position de Slow Food sur l’agroécologie

Signer l’Initiative citoyenne européenne contre le glyphosate

 

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