Un monde de maïs
21 Mar 2015

Beaucoup d’entre vous ont lu Le Dilemme de l’omnivore, le célèbre livre de Michael Pollan qui, telle une enquête policière, nous aide à comprendre l’histoire et le parcours de la nourriture que nous mangeons. Le premier chapitre se consacre à la nourriture industrielle : aux monocultures et aux produits qui encombrent les étagères des supermarchés. Une des phrases a inspiré l’exposition de Slow Food « Découvre la biodiversité », que verront tous ceux qui visiteront notre espace à Expo 2015, qui est : « Si c’est vrai que nous sommes ce que nous mangeons, alors nous sommes du maïs. »
Qu’est-ce que nous vous racontons avec une grande installation qui reproduit un géant entièrement composé de maïs ? Avant toute chose, nous abordons toute une série de questions loin d’être évidentes.… Combien de fois manges-tu du maïs ? Où se trouve le maïs que nous consommons ? Comment se fait-il que cela ne soit pas indiqué sur l’étiquette ? Fait-il du bien à la santé ? Procédons dans l’ordre…
La société contemporaine base majoritairement son alimentation sur le maïs. Partout où nous vivons, nous en consommons plusieurs fois par jour, souvent sans le savoir, sans s’en rendre compte. Nous ne parlons pas de l’épi ni du maïs en grains présents dans les salades, mais du maïs qui se transforme en autre chose – pour ne pas dire tout – et devient matière première invisible de nos aliments. Le maïs est transformé dans la nourriture pour animaux avec laquelle nous nourrissons nos poules, nos cochons, nos dindes, nos agneaux et même nos saumons dans les élevages intensifs. Sont du maïs les biftecks, mais aussi les œufs et une grande majorité du lait, fromage et yaourt…
Sont également du maïs la plupart des aliments confectionnés par l’industrie alimentaire. La liste est longue : biscuits, gâteaux, crèmes, glaces, pâtes à tartiner, beurre d’arachides, frites, ketchup, hot dog, plats tout préparés, bonbons, barres nutritionnelles, chewing-gum, mayonnaise, confitures, sauces préparées, préparations pour gâteaux, pétales de céréales et müesli, fruits en sirop, yaourts aromatisés, margarine, petits-pots pour bébé… Sans oublier les boissons gazeuses, dont la plupart sont sucrées avec du sirop de fructose fait à partir de maïs (High-Fructose Corn Syrup)…
Le maïs est partout, pourtant il est difficile de le suivre à la trace. Sur les étiquettes alimentaires, en effet, il apparaît souvent sous d’autres noms : glucose, sirop de glucose, acide ascorbique, acide citrique, malte, maltodextrine, dextrine, fructose cristallisé, amidon modifié, sorbitol, lécithine, levure en poudre, dextrose, lysine, acide lactique, maltose, saccharose, caramel, gomme xanthane, sucre inverti, monoglycérides, glutamate monosodique.
Nous ne nous arrêterons pas là. Nous nous demanderons si tout ce maïs est bon pour la santé, et quel est l’impact environnemental de la culture à grande échelle d’une plante qui consomme des quantités astronomiques d’énergie et de ressources naturelles. Nous essayerons de nous remémorer une histoire qui a commencé il y a des milliers d’années, au Mexique, où selon le Popul Vuh (le livre des Mayas), l’origine de l’homme est liée à cette plante. On raconte qu’il existait une multitude de variétés et de grains multicolores : pas uniquement jaunes, mais blancs, rouges, noirs, bleus, tachetés. Au Mexique et dans les Andes, on retrouve des milliers de variétés, aux plants d’aspect variable (hauteur, type de feuille et de fleur) et aux épis de forme, dimension et couleur différentes. Ces variétés représentent un patrimoine génétique et culturel inestimable, mais l’introduction de maïs hybrides et génétiquement modifiés (au cours des dernières décennies) a largement entamé cette diversité. La production de maïs est aujourd’hui la première au monde, avec un rendement de 974 millions de tonnes en 2014. Actuellement, les États-Unis sont premier producteur mondial, suivis de la Chine et du Brésil.
Ainsi, à Expo, Slow Food essaiera de vous raconter l’histoire de cette culture, de vous faire comprendre à l’aide de textes et d’images combien elle est invasive. Et de vous dire que, selon nous, il n’est absolument pas le bon moyen pour nourrir la planète, car une production sur une aussi grande échelle n’est pas bénéfique aux familles rurales, ne respecte pas l’environnement, et est sans particularité du point de vue gustatif. Pour Slow Food, les aliments que nous mangeons diffèrent complètement : ce sont ceux qui ont une âme, une histoire, un lien profond avec le territoire. Et nous vous invitons à les découvrir avec nous dans l’exposition « Découvre la biodiversité », à Expo 2015, du 1er mai au 31 octobre, dans notre espace.
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