Les paludiers donnent vie à la saline de la Baie de l’Etoile!
01 Mar 2016
Tout d’abord l’année 2015 a été marquée par un accident naturel qui a ralenti l’activité sur la baie de l’Etoile; en effet une marée de fort coefficient a endommagé la digue de protection de la saline au mois d’août, empêchant toute production jusqu’à sa réparation complète et le rétablissement des bassins. L’implication des producteurs a été cruciale pour remettre sur pied l’activité –avec le soutien technique des paludiers de Guérande qui ont fait le déplacement pour l’occasion, et ce fut un premier défi pour la communauté : prendre soin du bien collectif et faire front commun dans la difficulté.
Après réparation des brèches, les producteurs se sont peu à peu installés sur la saline, et aujourd’hui 33 producteurs produisent de manière régulière et gèrent leur activité de façon autonome. La saline se trouvant à 10 km du centre de Nouadhibou, le transport fut également une question à affronter ensemble pour la soutenabilité de l’activité ; désormais les paludiers se déplacent eux-mêmes deux à trois fois par semaine en auto-stop ou en taxi. «Pour le retour, les gendarmes nous aident à trouver des véhicules qui nous ramènent en ville (Oumoulkheire Mint Boulkheire) », le site de production étant situé à côté du poste de gendarmerie.
Isselmou vient en charrette. Il part le matin très tôt, juste après sa prière à l’heure du levé du soleil. Il met environ une heure pour atteindre la saline mais cela lui permet de ramener son sel en ville au fur et à mesure qu’il produit. Les autres producteurs ont trouvé un transporteur qui vient jusqu’à la saline avec une vieille Range Roover pour ramener ensemble leur sel en ville.
L’assimilation des techniques de culture du sel et la persévérance permettent désormais aux paludiers de récolter jusqu’à 300 kg par semaine pour les plus assidus! Depuis son installation le 20 octobre dernier, Fatou a produit environ 220 sacs de sel d’environ 30kg. Au départ, avec 4 bâches elles produisaient 7 sacs par récolte, tous les 3 ou 4 jours lorsque le climat est clément. Après, elle a doublé sa surface de production en investissant dans des bâches, multipliant également par deux sa récolte.
Toutefois pour ne pas brader le prix du sel de la Baie de l’Etoile, tous les producteurs n’ont pas encore vendu leurs stocks et cherchent encore une stratégie commune pour promouvoir leur produit de qualité au juste prix ; le sel étant un produit non-périssable, ils savent qu’un jour où l’autre ils pourront bénéficier du fruit de leur travail. Assa Masiré explique: « Même si je n’ai rien gagné jusqu’à présent, j’ai constitué un stock que je vendrai au bon moment. ».
Des efforts collectifs pour des rendements et une qualité homogènes sont encore à faire, mais peu à peu le groupe se consolide et des responsabilités se dessinent parmi les membres de la nouvelle coopérative. Quand Aminata, une jeune productrice, a accouché en juillet 2015 d’une petite fille, son mari a pris le relai et se rend chaque 3 jours sur la saline. La coopération se renforce à la Baie de l’Etoile, reflet de l’importance de l’activité pour la communauté!
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