Les OGM en Europe
12 Juin 2015
En Europe, une variété de maïs génétiquement modifiée (Mon 810) est cultivée dans cinq
États membres (Espagne, Portugal, République tchèque, Slovaquie et Roumanie) sur une surface totale de 150 000 hectares [données de la Commission européenne]. Les quantités consommées sont beaucoup plus importantes. Afin de satisfaire l’appétit carnivore de ses habitants, l’Union utilise 36 millions de tonnes de soja par an pour alimenter le bétail. La production au sein de l’UE n’atteint que 1,4 million de tonnes (non issus d’OGM, car la culture de soja génétiquement modifiée est interdite au sein de l’UE). L’industrie zootechnique de l’UE dépend donc largement de la production des pays tiers pour l’alimentation des bestiaux. En 2013, l’Union a importé 18,5 millions de tonnes de farine de soja et 13,5 millions de tonnes de soja, soit plus de 60 % du besoin de protéines végétales des pays membres.
La législation européenne impose l’étiquetage de tous les produits alimentaires qui contiennent, sont composés ou produits à partir d’OGM, à moins que la présence d’OGM soit inférieure à 0,9 % ou qu’elle soit accidentelle ou techniquement inévitable. L’utilisation d’étiquette « sans OGM » n’est pas interdite, et plusieurs pays, dont l’Autriche, la France et l’Allemagne, ont adopté l’utilisation de cette mention sur les produits alimentaires.
Le 2 avril, une nouvelle procédure d’autorisation de la culture des OGM est entrée en vigueur en Europe. Désormais, les États membres peuvent interdire ou limiter la culture des OGM pour des motifs liés entre autres aux politiques environnementales et agricoles ou à d’autres objectifs prédominants comme la planification urbaine et territoriale, l’occupation des sols, l’impact socio-économique, la coexistence et l’ordre public. Malheureusement, cette directive reste trop vague concernant les raisons d’ordre environnemental pouvant être invoquées par un État pour justifier sa décision, ce qui permet au secteur agro-industriel de contester les restrictions de production devant la Cour de justice. En outre, l’interdiction ou la limitation de la culture d’OGM sur le territoire d’un État ne peut en aucun cas limiter la circulation de ces OGM sur le territoire du pays responsable de cette interdiction.
Aujourd’hui, le même problème se pose avec la nouvelle proposition de l’UE sur l’importation de produits alimentaires génétiquement modifiés. La Commission propose de modifier la législation pour accorder aux États membres plus de liberté pour limiter ou interdire l’utilisation d’OGM autorisés au sein de l’UE dans les aliments et produits alimentaires commercialisés sur leur territoire.
61 % des citoyens européens considèrent que les OGM portent atteinte à la sécurité alimentaire (données de l’Eurobaromètre). Et pourtant, la Commission européenne a autorisé en avril dernier l’importation de 19 plantes génétiquement modifiées dont 10 à usage alimentaire, sept destinées à l’alimentation des animaux et deux espèces de fleurs décoratives coupées. L’autorisation d’un aussi grand nombre d’OGM en une seule journée est une première. Aujourd’hui, on dénombre 58 OGM autorisés au sein de l’UE et destinés à l’alimentation humaine et animale (parmi lesquels des variétés de maïs, coton, soja, colza, et betterave à sucre).
Les experts soulignent néanmoins que les dangers liés aux OGM n’ont pas tous été étudiés. Ainsi, les risques associés à la combinaison simultanée de plusieurs OGM dans notre alimentation n’ont pas été analysés. Sept des 19 OGM autorisés ont été manipulés pour résister à 4 groupes différents d’herbicides. En revanche, l’impact des résidus de pesticides n’a pas été étudié, tout comme les conséquences de l’utilisation d’un cocktail de différents pesticides. Trois types de soja OGM contiennent des huiles modifiées, dont certaines sont prisées pour leurs propriétés bénéfiques pour la santé. Cependant, aucun test n’a été fait pour vérifier ces propriétés. Le maïs autorisé a été génétiquement modifié pour mieux résister à la sécheresse, mais ne semble présenter aucun avantage particulier par rapport aux autres variétés ordinaires. Et, surtout, les risques liés à sa consommation pour l’environnement et la santé n’ont pas été formellement écartés. Par ailleurs, les spécialistes s’inquiètent par rapport au colza OGM de Monsanto qui risque de se diffuser de façon incontrôlable à cause de la freinte pendant le transport.
« L’affront fait à l’agriculture qualitative est désormais officiel et radical, déclare Cinza Scaffidi, vice-présidente de Slow Food Italie, en réaction à la décision de la Commission européenne. Face à ces décisions sur les OGM d’une part et aux négociations sur le Ttip de l’autre, le citoyen européen est obligé de protester de manière plus radicale. Sur le plan politique, nous devons arrêter de faire confiance à ceux qui se laissent manipuler par les multinationales qui mettent quotidiennement en danger notre santé et celle de la planète en traitant l’alimentation d’un point de vue uniquement commercial. Nous devons nous équiper individuellement pour garder le pouvoir de choisir notre alimentation, pour savoir exactement ce que nous mangeons, pour prendre soin de notre santé et de celle des autres, vu que nos représentants ne semblent pas s’en préoccuper. Les produits alimentaires de qualité sont encore nombreux et de plus en plus accessibles. Nous devons faire confiance à leurs producteurs. Il est faux de croire que nous sommes condamnés à manger des OGM. Si les citoyens refusent de les acheter, leur culture n’aura plus aucun intérêt. ».
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