Le sel marin de la baie de l’Etoile en Mauritanie : entre océan et désert.
13 Juin 2015

Avec 754 km de cote, la Mauritanie est l’une des régions les plus poissonneuses du monde grâce à un écosystème littoral riche en biodiversité. Cependant la pêche industrielle et intensive, principalement destinée à l’exportation, menace les ressources halieutiques locales et la pêche artisanale. La préservation, la valorisation et la sensibilisation des populations à la consommation des produits locaux représentent alors un enjeu important pour l’économie, les savoir-faire traditionnels et la culture alimentaire mauritanienne. C’est pourquoi Slow Food, l’ONG locale Mauritanie 2000 et l’association française de paludiers Univers-Sel, se sont associés aux pêcheurs et aux petits producteurs, pour valoriser la poutargue –œufs de mulets séchés- et produire un sel de qualité.
En effet la transformation du poisson représente une part importante de l’industrie mauritanienne, et le sel est un condiment incontournable dans les procédés de séchage et de fermentation. Toutefois, la quasi-totalité du sel consommé est importé ou provient des mines et des bas-fonds insalubres, alors que les cotes mauritaniennes fournissent un environnement idéal pour la production d’un sel marin de qualité.
C’est ainsi qu’en février 2014, le projet de Saliculture solaire à Nouadhibou (SA.SOL.NO) a été lancé par les trois associations partenaires, afin de développer la production artisanale d’un sel marin de qualité. La saline de 2 hectares est installée au beau milieu de la baie désertique de l’Etoile, sur un site écologique protégé mais soumis aux tempêtes de sable, « la baglalia » en hassanyya, qui empêchent toute production de sel de février à juin.
Après plus d’un an de phase expérimentale avec 4 femmes productrices, qui forment actuellement les 45 paludiers sélectionnés pour travailler sur le site, nous avons organisé à Nouadhibou une rencontre pour traiter de l’importance de la qualité du produit et de l’organisation des producteurs. A travers notamment la présentation du manuel illustré des bonnes pratiques qui retrace les grandes étapes de la production d’un sel marin de qualité et de l’étiquette narrative qui raconte l’identité du produit, les producteurs ont pu visualiser la particularité de leur produit. « Savoir parler du sel et soigner l’emballage sont importants pour la vente ! », remarque une productrice. La totalité du groupe était présent et les vives discussions en les langues des trois principales ethnies –l’hassanyya, le soninké et le pulaar- ont démontré le fort intérêt des producteurs. Le défi : faire face aux difficultés météorologiques, économiques et logistiques pour imposer le sel marin de qualité sur le marché local
Mariem Daoud, responsable de Mauritanie 2000 à Nouadhibou, « ce projet est novateur, le sel est un produit fortement demandé en Mauritanie pour la transformation du poisson séché, la fabrication du pain ou encore la consommation des ménages, mais personne encore ne fait de la qualité, c’est ce qui nous différencie sur le marché d’un produit sans grande valeur ! ».
Aminata, jeune productrice de 27 ans, approuve : « Depuis que j’ai 10 ans je fais du sel devant chez moi au centre ville car je voulais me débrouiller. En vendant ce sel de qualité j’espère pouvoir gagner un peu plus d’argent et pour ça je suis prête à faire des efforts, même si la saline est plus loin. » Et d’ajouter : « toute seule je n’aurais pas eu l’idée d’assembler nos forces. Faire un prix unique nous permettra d’être plus forts face aux acheteurs. Nous devons nous aider au lieu d’être concurrents ! ».
Sa mère, Fatou, impose sa détermination au groupe et n’hésite pas lors de la rencontre à se lever pour faire taire les bavardages et partager son avis. Elle s’est érigée comme l’une des leaders du groupe, a été élue représentante des producteurs.
A bientôt pour une dégustation du sel marin de la baie de l’Etoile !
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