L’agroécologie, la clé du futur : développer les économies locales en Afrique de l’Est
25 Mai 2021

De l’impact positif des pratiques agroécologiques et de leurs bénéfices environnementaux, socioculturels, sanitaires et économiques.
Trois études remarquables résument l’expérience du projet Développer les économies locales en Afrique de l’Est grâce à l’agroécologie, financé par l’Agroecology Fund à l’initiative de Slow Food, en collaboration avec ses réseaux locaux en Ouganda, Kenya, Tanzanie et République démocratique du Congo.

Ce projet a pris fin en février 2021. Durant 18 mois d’activité intense, le réseau Slow Food a soutenu le développement de systèmes alimentaires agroécologiques, clé d’une future sécurité alimentaire, en améliorant les connaissances et la communication en la matière et en intégrant l’agroécologie aux textes de loi.
Les activités menées se sont plus particulièrement concentrées sur la formation des producteurs locaux au potentiel de l’agroécologie sur le système alimentaire local, non seulement en travaillant sur le terrain par des collaborations avec des techniciens et Académies, mais aussi en améliorant les débouchés commerciaux par le contact direct entre producteurs et consommateurs, ce qui génère des revenus supérieurs, plus d’emploi et de bien-être (effet multiplicateur fort) et contribue à élaborer un nouveau discours autour de l’agroécologie.
« Malgré le fait que l’agriculture soit la colonne vertébrale des économies est-africaines, explique le coordinateur kenyan du projet Elphas Masanga, les jeunes qui constituent plus de 70 % de la population la méprisent encore. Rendre cette discipline attractive est une tâche véritablement ardue. Dans le cadre de ce projet, on a pu ouvrir une Académie Slow Food destinée aux jeunes et centrée sur l’agroécologie, inaugurer des jardins communautaires agroécologiques et organiser des sessions de renforcement des capacités. La perception qu’ont les jeunes de l’agriculture a ainsi pu changer, de jeunes agripreneurs en agroécologie ont reçu du soutien et le réseau de futurs leaders de l’alimentation s’est vu renforcé. Cela contribuera de manière significative à améliorer le système alimentaire africain, créer des opportunités d’emploi, atténuer les impacts du changement climatique et garantir une alimentation saine à nos communautés. »
Les résultats ne se sont pas fait attendre et trois études en collaboration avec deux experts locaux, en Ouganda et au Kenya, ont vu le jour. Ces études, présentées lors du Forum de Terra Madre en mars dernier, ont permis de documenter et prouver que l’agroécologie fonctionne dans ces systèmes alimentaires particuliers et de dire que l’agroécologie pourrait être l’agriculture du futur.
Étude sur les Jardins Slow Food : jardins communautaires de Karirikania, Kaki et Kinyas au Kenya
L’étude s’est intéressée aux activités menées par les Jardins Slow Food au Kenya : jardins communautaires de Karirikania, Kaki and Kinyas. Notamment grâce à des connaissances acquises par le passé, mais surtout en raison des activités du projet, 30 membres des jardins, principalement des femmes, adoptent et appliquent différentes pratiques agroécologiques.
L’impact de ces activités s’est avéré important sous de nombreux aspects, au niveau environnemental comme économique. Les agriculteurs et agricultrices engagés dans les activités du jardin, qui ont graduellement accru la diversité des cultures d’aliments et de légumes autochtones de 41 %, ont créé de l’emploi et généré des revenus par la vente de légumes et d’animaux.
Une production issue de l’agroécologie moins dépendante en intrants externes permet aux exploitants de diminuer les coûts de production et de dégager de meilleurs revenus.
Enfin, l’implication dans les activités du jardin permet à l’exploitant·e de prendre le contrôle de la production. Les utilisateur·rices diversifient la production d’autres aliments et parviennent finalement à extraire la majorité de leur alimentation de leur ferme, assurant ainsi à leur famille des moyens d’existence issus de l’exploitation. Actuellement, 78 % des exploitant·es de jardins obtiennent suffisamment de récoltes annuelles pour 12 mois, 16 % récoltent pour 6 mois et 6 % pour 3 mois.
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Étude sur la Sentinelle de l’Igname grimpante Bukunja
Quarante exploitant·es de la Sentinelle de l’Igname grimpante du district de Bukunja-Buikwe, principalement des femmes, ont été interrogé·es afin de prouver que l’agroécologie a amélioré leur niveau de vie, la biodiversité, et permis d’identifier des acteurs pertinents pour diffuser plus encore cette approche agricole.

La Sentinelle a sauvegardé les 10 variétés traditionnelles d’igname grimpante qui étaient en voie d’extinction et mis en place des méthodes traditionnelles de culture et de gestion des terres par l’agroforesterie, les pratiques de conservation des sols et de l’eau (création de tranchées et de buttes, paillage), qui préservent la fertilité de la terre et les écosystèmes hydrographiques.
À travers les pratiques agroécologiques appliquées au sein de la Sentinelle, les exploitant·es ont remarqué des améliorations dans leur quotidien, notamment par une production supérieure, mais aussi par le partage de connaissances et d’expériences de terrain sur les différentes approches agroécologiques. La Sentinelle a su créer en son sein une véritable culture autour de la filière de l’igname grimpante.
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Étude sur les Marchés de la Terre de Mukono dans le Centre et de Manafwa dans l’Est de l’Ouganda.
Une quarantaine d’exploitant·es du Marché de la Terre de Mukono-Wakiso, dans le Centre de l’Ouganda et 20 exploitant·es de Manafwan dans l’Est du pays ont été interrogé·es sur leurs activités, mais aussi sur des problématiques liées au genre. Le recours à l’agroécologie et la vente des produits résultant de cette pratique ont apporté de nombreux bénéfices.

La participation au Marché de la Terre a entrainé une plus grande diversité des cultures : grâce à leur implication dans cette structure, les exploitant·es ont appris à faire pousser d’autres variétés, en plus de celles qu’ils cultivaient déjà. En augmentant la diversité des cultures dans leur ferme, ils et elles ont mécaniquement augmenté la sécurité et la souveraineté alimentaires.
Les Marchés de la Terre mettent également l’accent sur la protection et la promotion de la biodiversité agroalimentaire par la vente d’écotypes locaux, en donnant une chance aux petits producteurs, qui préservent la culture et les savoir-faire manuels des filières bonnes, propres et justes. Cela assure à la fois sécurité alimentaire, souveraineté alimentaire, durabilité environnementale et protection de la biodiversité.
Le projet des Marchés de la Terre met également l’accent sur les thématiques de genre, car la participation des femmes aux filières locales est très importante. C’est un aspect positif et prometteur pour les systèmes de production agroécologiques et durables, car l’agriculture artisanale dans le pays est principalement menée par des exploitantes n’ayant à l’origine pas les connaissances nécessaires pour améliorer la qualité de leur production ou les informations pour accéder aux marchés. La participation directe des femmes à la filière agroécologique par l’intermédiaire de ce projet peut ainsi les aider à surmonter ces contraintes, accroître leur pouvoir économique et social, améliorer l’accès aux services nécessaires et à la sécurité alimentaire du foyer.
Enfin, la participation aux Marchés de la Terre peut potentiellement améliorer l’alimentation et le revenu des producteurs et productrices (puisqu’une variété d’aliments locaux sont cultivés par un·e seul·e exploitant·e), et par extension améliorer la santé, la sécurité et la souveraineté alimentaires, qui sur le long terme encouragent l’adoption par les exploitants de ressources naturelles durables et d’approches de gestion de la biodiversité.
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« Pour moi, l’agroécologie est l’agriculture de la génération actuelle et future. – Joseph Karangathi, l’un des consultants externes du Kenya, a conclu – C’est parce qu’elle redonne le contrôle de l’agriculture aux agriculteurs, en leur permettant de donner la priorité aux cultures et au bétail à garder, en fonction du ménage et de la demande locale. Elle fonctionne avec la nature et l’écosystème, ce qui la rend résistante au climat. Elle dépend des ressources disponibles localement, ce qui permet aux agriculteurs pauvres en ressources de participer à la production sans être soumis à la pression et à l’influence du marché mondial. Les agriculteurs sont en mesure de maintenir la diversité des cultures et du bétail en préservant les semences locales ».
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