La protection des pollinisateurs en UE remise en question
23 Juil 2020
Les 16 et 17 juillet, le comité permanent phytosanitaire s’est réuni à Bruxelles pour statuer sur l’avenir du Document d’orientation sur les abeilles de l’EFSA, destiné à protéger les abeilles mellifères, abeilles sauvages et bourdons de la toxicité des pesticides.
Des informations obtenues par PAN Europe (le réseau européen d’action contre les pesticides) à la suite d’une fuite de documents indiquent que le projet de réforme préconisé par une majorité d’États membres viserait à diminuer le niveau de protection face au lobbying du secteur des pesticides.
Slow Food Europe estime que cette nouvelle mesure vouée à étouffer les mesures efficaces de protection des abeilles en Europe va à l’encontre des efforts de la Commission pour réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici 2030, tel qu’indiqué dans la nouvelle Stratégie Biodiversité.
« L’objectif de la nouvelle Stratégie Biodiversité publiée cette année est de protéger et restaurer la biodiversité. Slow Food, ainsi que d’autres ONG et associations d’apiculteurs, s’inquiète des conséquences de cette réunion tenue à Bruxelles qui pourrait entraver les efforts visant à renforcer la protection des pollinisateurs contre les produits agrochimiques toxiques. Nous demandons à la Commission européenne et aux décideurs de ne pas anéantir les efforts, objectifs et cibles définis dans la Stratégie Biodiversité », a déclaré Marta Messa, directrice de Slow Food Europe.
D’après cette fuite d’information, l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) aurait proposé aux États membres quatre options pour la mise à jour du Document d’orientation sur les abeilles. Malheureusement, ces quatre options vont toutes dans le sens d’une révision à la baisse des dispositions initiales du Document.
Une des quatre propositions est d’utiliser une formule mathématique pour définir un niveau « acceptable » de hausse de la mortalité des abeilles due aux pesticides. Cette solution est soutenue par l’ECPA (Association européenne pour la protection des cultures) qui estime qu’une mortalité de 20 % des butineuses est acceptable. Selon les informations obtenues par PAN Europe, au moins 15 États membres soutiendraient cette option.
Les ONG environnementales et associations d’apiculteurs n’ont pas été informées de ces quatre options, ayant pourtant été consultées sur certains aspects de la révision du Document d’orientation sur les abeilles. La semaine dernière, un nouveau rapport de la Cour des comptes européenne destiné à évaluer les résultats des mesures prises par la Commission pour protéger les pollinisateurs concluait que ces initiatives n’avaient pas suffisamment ambitieuses pour porter leurs fruits.
Toujours selon la Cour des comptes, la Stratégie Biodiversité à l’horizon 2020 « s’est montrée largement inefficace pour assurer la protection des abeilles » tandis que les autres politiques européennes, dont la Politique agricole commune « ne comprennent pas d’exigences spécifiques pour la protection des pollinisateurs sauvages ».
Face à l’absence de mesures concrètes de la part de la Commission pour améliorer le niveau de protection des pollinisateurs et aider les agriculteurs à s’affranchir de l’industrie des produits agrochimiques, PAN Europe a créé, avec d’autres associations, dont Slow Food, l’Initiative citoyenne européenne (ICE) « Sauvons les abeilles et les agriculteurs ». Cette ICE vise à rassembler un million de signatures dans toute l’UE pour demander à la Commission d’adopter des mesures légales pour éliminer progressivement l’utilisation des pesticides de synthèse sur les 15 prochaines années, restaurer la biodiversité sur les terres agricoles et soutenir les agriculteurs dans leur transition vers l’agroécologie.
Le projet a déjà récolté plus de 420 000 signatures et reste ouvert jusqu’au 30 mars 2021. Soutenez l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » en signant ici.
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