LA GÉOGRAPHIE SELON TERRA MADRE
26 Oct 2020
Les Sollicitations de Frnaco Farinelli, Virginie Raisson et Paula Collier, lors de la conférence d’ouverture de Terra Madre.
Terra Madre Salone del Gusto 2020 est officiellement ouvert ! La 13e édition du plus grand évènement international consacré à une alimentation bonne, propre et juste démarre aujourd’hui pour une durée de six mois, avec un nouveau format innovant qui associe des évènements numériques et physiques, lorsque c’est possible, dans le monde entier.
Cette édition sera unique en son genre, totalement différente des précédents évènements de Slow Food, avec des objectifs ambitieux : fournir des outils pour analyser ce qui se passe dans le monde et proposer des solutions concrètes capables de nous aider à résoudre nos principaux problèmes.
LA GÉOGRAPHIE, UNE DISCIPLINE CLÉ POUR COMPRENDRE LE MONDE
Nouvelles géographies et futurs possibles : pourquoi un évènement traditionnellement consacré à l’agriculture, à la production durable et à une vision plus juste du développement et de la culture alimentaire a-t-il choisi la géographie comme point de départ?
Comme l’explique Davide Papotti, professeur de géographie à l’université de Parme, « il est indispensable de changer de perspective dans notre vision du monde pour réussir à modifier nos comportements, qui sont liés aux modèles de développement que nous avons connus jusqu’à présent. » En d’autres mots, la seule façon de mettre en œuvre les changements pour lesquels Slow Food se bat depuis plus de 30 ans serait de modifier radicalement notre façon d’aborder les problèmes qui affectent la planète et sa population.
« Nous devons dessiner une nouvelle géographie » explique D. Papotti ». Terra Madre a essayé de relever le défi en écartant l’interprétation géopolitique classique du monde, caractérisée par des frontières et des institutions étatiques, pour appréhender la Terre comme un ensemble d’écosystèmes interconnectés : les zones montagneuses, les zones côtières, les grandes plaines et les villes. Ce sont des environnements qui ont des caractéristiques similaires et rencontrent souvent les mêmes obstacles, quels que soient le continent et le pays qu’ils couvrent, afin qu’ils essayent ensemble d’élaborer des solutions communes.
Il est essentiel de surpasser notre tendance à considérer uniquement notre situation locale. Chaque jour, nous faisons face à des phénomènes qui nous semblent indépendants les uns des autres, alors qu’ils ont parfois les mêmes origines : l’accélération de la perte de biodiversité, l’augmentation des inégalités sociales dans le monde entier, la violation des droits humains, l’éternel problème de la famine et la crise environnementale qui amplifie les autres crises liées à la santé, la migration et l’économie.
UN SENS DE LA COMMUNAUTÉ
Un autre aspect reste à prendre en compte, évoqué par Virginie Raisson, analyste des relations internationales, spécialiste en géopolitique, directrice du LEPAC (Laboratoire d’études prospectives et d’analyses cartographiques) et auteure de l’Atlas des futurs du monde : « les menaces mondiales comme le réchauffement planétaire, la crise énergétique, la pandémie, la perte de biodiversité, la crise financière et économique et la criminalité économique ne tiennent pas compte des frontières nationales : il est donc important de réussir à envisager le monde d’une nouvelle manière et de montrer les relations qui existent entre ces phénomènes.
La tentation de diviser le monde en compartiments distincts, « de découper le globe pour en faire une série de cartes », ne doit pas prévaloir, malgré la numérisation grandissante de notre société, explique Franco Farinelli, professeur de géographie à Genève, Los Angeles, Berkeley et la Sorbonne. « Notre planète est une sphère, nous devons l’envisager comme telle, une sphère unique ».
C’est un défi de taille, mais il n’y a pas de temps à perdre : pour Franco Farinelli, nous avons besoin d’une « nouvelle humanité », tandis que Paul Collier, directeur de l’International Growth Center (IGC) estime qu’il faut « retrouver le principe de coopération, d’« intelligence collective », que nous avons perdu depuis l’avènement du capitalisme frénétique qui a freiné le progrès lors des quarante dernières années.
Cover image: Photo: Elena Mozhvilo / Unsplash
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