FAO : la faim augmente. Et c’est toujours l’Afrique qui en souffre le plus.
22 Juil 2020

Publication d’un nouveau rapport de la FAO: la faim augmente. Le nombre de personnes souffrant de la faim augmente, à tel point qu’en 2019, il a atteint 690 millions, soit 8,9 % de la population mondiale.
C’est ce qui ressort du rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (Sofi) tout juste publié par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui définit la malnutrition comme la condition de ceux qui, pendant un an, n’ont pas accès à une nourriture suffisante pour satisfaire leurs besoins énergétiques quotidiens minimums.
Dans les plus de 250 pages du document, les données qui permettent d’être optimiste sont très peu nombreuses : par rapport à l’année précédente*, le nombre de personnes qui ont manqué de nourriture a augmenté de dix millions ; en cinq ans, ce nombre a augmenté de 60 millions, soit une population presque équivalente à celle d’un pays comme l’Italie.
Regard sur l’Afrique
La situation la plus dramatique, selon les données publiées par la FAO, concerne le continent africain, où une personne sur cinq souffre de la faim (environ 250 millions de personnes, soit 19,1 % du total, ce qui représente plus du double de la moyenne mondiale).
« La grave crise alimentaire en Afrique est le résultat d’une série de facteurs qui doivent être abordés immédiatement, sans perdre de temps », déclare l’agronome ougandais Edie Mukiibi, membre du comité exécutif de Slow Food International. « Pour ce faire, il est nécessaire, d’une part, de combattre les injustices sociales, économiques et environnementales qui sont à l’origine de la pauvreté et de la souffrance de nombreuses communautés africaines et, d’autre part, de promouvoir un mécanisme de subsistance qui soutienne les petites économies locales ainsi que les initiatives et les innovations apportées par les femmes et les jeunes agriculteurs. C’est, à mon avis, la priorité ».
Slow Food a depuis longtemps placé son engagement envers l’Afrique en tête de son agenda, en lançant en 2010 le projet « Jardins en Afrique », qui compte à ce jour 3334 jardins dans 35 pays de ce continent. Aujourd’hui, la stratégie de Slow Food pour l’Afrique s’articule autour d’une série d’initiatives qui vont de la promotion de la consommation locale à l’éducation dans les écoles, de la protection de la biodiversité (à travers l’Arche du Goût et les Sentinelles Slow Food) à la promotion de la gastronomie locale et à des campagnes sur des thèmes majeurs qui ont toujours été au centre de notre engagement, tels que les OGM, l’accaparement des terres et la pêche durable.
Les séries historiques du nouveau rapport de la FAO révèlent que le nombre de personnes souffrant de malnutrition en Afrique a augmenté d’un point et demi de pourcentage au cours des cinq dernières années. Les projections pour 2030 sont encore plus dramatiques : si la tendance se poursuit, 25,7 % des personnes vivant en Afrique (433 millions de personnes sur la population totale estimée dans dix ans, soit environ 1,6 milliard) se retrouveront sans nourriture en quantité suffisante pour mener une vie normale, active et saine.
Si l’on examine à présent la situation et les données en termes absolus, l’Asie est la région du monde où vivent le plus grand nombre de personnes souffrant de malnutrition (381 millions, mais avec un taux de 8,3% par rapport à la moyenne mondiale de 8,9%). L’explication de cette apparente contradiction se trouve dans le fait que la majorité de la population de la Terre vit en Asie.
Covid-19 et la faim dans le monde : cent millions de plus en danger
Cependant, les analyses ne tiennent pas compte des effets de la pandémie de Covid-19 : les données relevées par la FAO se réfèrent à 2019, avant la propagation mondiale du SRAS-CoV-2. Les chiffres, en bref, donnent une image de la situation avant la pandémie : selon l’ONU, la crise sanitaire qui a éclaté ces derniers mois est destinée à aggraver la situation, risquant d’entraîner des dizaines de millions d’individus de plus dans l’abîme de la faim chronique, avec des prévisions entre 83 et 132 millions de personnes, selon les scénarios économiques futurs.
La malnutrition n’est pas le seul indicateur pris en considération par les auteurs du rapport : en fait, on parle aussi d' »insécurité alimentaire », un concept plus large qui inclut les cas où il n’y a pas de certitude de pouvoir se procurer de la nourriture : en ajoutant ceux qui vivent dans une situation d’insécurité « grave » (750 millions) et ceux qui ont une insécurité « modérée », les personnes qui en 2019 n’avaient pas un accès régulier à une nourriture sûre, adéquate et nutritive sont deux milliards, soit un peu moins de 30 % du total.
Il est certain qu’à ce rythme, l’objectif « Faim Zéro » (c’est-à-dire le plan lancé en 2015 par le Programme alimentaire mondial avec l’ambition de mettre fin à l’insécurité alimentaire d’ici 2030) ne sera pas atteint. Au contraire, si la tendance actuelle se poursuit, en 2030, le nombre de personnes sous-alimentées pourrait dépasser les 840 millions, soit 9,8 millions de la population estimée sur la planète d’ici dix ans.
Dans le cadre défini par le rapport des Nations unies, de graves inégalités géographiques apparaissent à nouveau. Le chiffre d’enfants de moins de cinq ans est emblématique : d’une part, le nombre effrayant d’enfants mal nourris (144 millions, soit 21,3 % du total mondial), d’autre part, les enfants en surpoids (plus de 38 millions, soit 5,6 %).
La question centrale est la qualité des aliments, et pas seulement l’accès à la nourriture : le rapport indique que « l’insécurité alimentaire peut empirer la qualité des aliments consommés et, par conséquent, augmenter le risque de diverses formes de malnutrition, tant la malnutrition que l’obésité ».
Et c’est précisément l’éducation alimentaire qui est l’un des deux piliers, avec la défense de la biodiversité, sur lesquels repose la mission de Slow Food dans le monde : car les choix en matière de consommation sont un moteur de changement, mais ils nécessitent une prise de conscience.
Marco Gritti [email protected]
Traduction : Paola Nano
* L’édition 2020 du SOFI s’ouvre sur une note : depuis sa dernière publication il y a un an, de nouvelles données ont été recueillies, ce qui a conduit à un examen de la situation dans 13 pays, dont la Chine. Ces données ont conduit à une révision à la baisse des estimations des personnes souffrant de la faim dans le monde. Néanmoins, la tendance signalée dans les éditions précédentes de ce rapport est toujours bien réelle : à partir de 2014, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde continue d’augmenter lentement.
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