Écosystèmes : une Histoire d’amour – Conversation avec Andreas Weber

18 Mar 2020

Les écosystèmes ne sont pas un concept abstrait : ils sont l’espace où nous vivons et qui nous entoure, près ou loin.

Photo : Florian Büttner

Photo : Florian Büttner

Les lacs, les jardins, les forêts, les oasis, mais aussi les villes où nous vivons : chacun de ces espaces a ses caractéristiques spécifiques, qui sont définies par les organismes qui y vivent, et les échanges de matière et d’énergie entre eux. C’est cet échange qui fait d’un espace un écosystème, car ils assurent la continuité de la vie.

UN BESOIN VITAL DE TOUS LES AUTRES

Si cette définition ne clarifie pas entièrement ce dont nous parlons, peut-être Andreas Weber pourra-t-il l’illustrer de manière plus vivante. Biologiste et philosophe, cet Allemand de 52 ans a publié plusieurs ouvrages sur l’écologie, dont Matter and Desire. An Erotic Ecology, dans lequel il décrit les écosystèmes comme des « processus d’amour ». Qu’est-ce que cela signifie, exactement ? « Un organisme, pour exister, a besoin d’autres organismes », explique-t-il. « Il a besoin d’eux en différentes façons : comme partenaires pour la reproduction, comme nourriture et comme abri, par exemple ».

En d’autres termes, la vie des écosystèmes est basée sur les relations entre leurs éléments constitutifs. C’est cette caractéristique de l’interdépendance qui rend fragile l’équilibre de ces relations et qui exige que « chaque être vivant, humain ou non, fasse de la place aux autres – dont nous avons besoin pour survivre – afin qu’ils puissent eux aussi s’épanouir ». En outre, la survie d’un écosystème repose sur la conscience qu' »il est possible de se maintenir uniquement en permettant aux autres de se maintenir également ». Ce sont des mécanismes qui, selon Weber, ressemblent à ceux qui existent dans une histoire d’amour, dont la vitalité est basée sur la capacité d’échange entre partenaires, et alimentée par la capacité des partenaires à s’affirmer individuellement.

SANS RÉCIPROCITÉ, IL N’Y A PAS DE SURVIE

Bien que la vie soit un processus de profonde réciprocité, le philosophe se plaint que « nous avons aujourd’hui du mal à le remarquer ». La responsabilité, naturellement, est la nôtre : « Pendant longtemps, la reconnaissance de notre réciprocité avec tous les autres êtres a fait partie intégrante de la culture humaine. Mais ces derniers temps, les sociétés occidentales ont commencé à considérer l’homme comme la seule espèce humaine, alors que toutes les autres ne sont que des choses ».

La vie humaine, dans un écosystème régi par des dynamiques invisibles comme celles d’une histoire d’amour, ne peut pas fonctionner sans insectes pollinisateurs.

Photo : Slow Food Archive

Photo : Slow Food Archive

Cette approche n’est pas seulement erronée, elle est potentiellement mortelle, compte tenu des interconnexions présentes dans les écosystèmes : « Si nous pensons que ces choses peuvent être utilisées pour assurer l’existence de l’humanité, la réciprocité s’arrête là. » Et avec elle, la vie elle-même : « Nous ne pouvons pas vivre sans réciprocité. Ce serait la fin moyenne de l’humanité, spirituellement, émotionnellement et physiquement ».

NOUS DÉPENDONS DU PETIT MONDE

Sans trop s’aventurer dans des scénarios apocalyptiques, nous avons le devoir de considérer le rôle des abeilles et autres insectes pollinisateurs dans les écosystèmes que nous habitons, car ils sont fondamentaux pour la biodiversité et l’agriculture. Bien que suffisamment petits pour passer inaperçus, ils jouent un rôle vital dans le système alimentaire, en pollinisant les cultures qui deviennent notre nourriture. Pourtant, aujourd’hui, leur survie – et donc la nôtre – est menacée par l’utilisation massive de pesticides de synthèse et par des politiques agricoles exclusivement axées sur l’augmentation des rendements. Un processus qui est préjudiciable à notre santé et à la biodiversité, et qui jette une ombre sur notre avenir : car la vie humaine, dans un écosystème régi par des dynamiques invisibles comme celles d’une histoire d’amour, ne peut pas fonctionner sans insectes pollinisateurs.

LES ÉCOSYSTÈMES À TERRA MADRE SALONE DEL GUSTO 2020

Les écosystèmes sont au cœur de Terra Madre Salone del Gusto 2020. Non seulement comme élément de la conception de l’événement, mais surtout comme protagonistes d’un débat moral et politique. Dans une nouvelle géographie, la nourriture n’a pas de frontières ou de barrières politiques, mais des racines. Elle est le résultat de voyages, d’échanges, de migrations, de partages… Les écosystèmes présentent des fragilités similaires, et ont donc des solutions potentielles communes à leurs problèmes communs. Mais nous ne pourrons les trouver et les mettre en œuvre que si nous sommes capables de regarder la réalité à travers un nouveau prisme, qui va au-delà de l’idée de nations, et des lignes tracées sur une carte par des personnes.

Changer le monde grâce à la nourriture

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