COVID-19 : le point de vue du réseau Slow Food africain
23 Avr 2020

Le coronavirus a été déclaré pandémie mondiale en mars 2020, et il s’est depuis propagé dans plus de 50 pays africains où les cas confirmés ont augmenté de manière exponentielle, passant de quelques cas importés à de nombreuses infections locales, ce qui a eu des effets dévastateurs sur la santé et le bien-être socio-économique. Alors que l’Afrique continue d’enregistrer chaque jour davantage de cas, de nombreux gouvernements, forts de leur expérience dans la gestion des maladies hautement infectieuses sur le continent, ont opté pour l’application précoce de directives strictes de mise à distance sociale, tandis que d’autres ont rapidement décrété un confinement total, ne permettant de poursuivre que les activités essentielles liées à l’alimentation, à la santé, aux banques et à la sécurité.
La crise alimentaire imminente
Dans de nombreuses communautés du continent où le confinement a été mis en œuvre, l’attention et l’inquiétude décale des implications sanitaires de la COVID-19 à la crise alimentaire imminente qui commence à se manifester lentement, mais progressivement, dans de nombreuses zones urbaines, principalement en raison de la mobilité réduite des aliments à partir des zones de production vers les principaux marchés, ainsi que en raison des effets que l’épidémie de coronavirus a imposés sur les pratiques agricoles en générale dans de nombreuses parties du continent. Alors que les prix des denrées alimentaires restent stables dans de nombreux pays comme la Tanzanie et le Malawi, dans certains pays comme l’Ouganda, le Kenya et le Nigeria, pour n’en citer que quelques-uns, les prix des denrées alimentaires de base, comme le riz et la farine de maïs, ont atteint un niveau record, en raison de la spéculation accrue des négociants en produits alimentaires bruts qui profitent de la situation pour tenter de constituer des stocks en prévision des temps difficiles à venir. La majorité des habitants des villes n’ont pas de compte bancaire stable, et dans de nombreuses grandes villes du continent beaucoup de travailleurs occasionnels, qui gagnent leur vie au jour le jour se privent du peu de nourriture disponible.

Certains gouvernements, pour contrer cette crise alimentaire accentuée par la situation du coronavirus, ont opté pour une aide alimentaire d’urgence après une forte mobilisation des citoyens et des organisations de la société civile, comme le réseau Slow Food dans certains pays africains, qui a évoqué un fort besoin d’intégrer la sécurité alimentaire dans les discussions sur la réponse à COVID-19.
La voix de Slow Food Africa au milieu de la crise du COVID-19
En tant que Slow Food en Afrique, nous comprenons que la pandémie de coronavirus sur notre continent a de graves répercussions sur la sécurité alimentaire de nombreuses communautés déjà vulnérables, c’est pourquoi nous n’avons pas cessé de parler aux autorités locales de la crise alimentaire imminente, ainsi que d’utiliser les moyens de communication disponibles pour continuer à parler au gents du réseau Slow Food, en pleine expansion dans différentes régions, à propos de l’intérêt de maintenir les jardins Slow Food dans différentes communautés, écoles et foyers dans ces moments difficiles.
En Ouganda, au Kenya, en Tanzanie et en RD. Congo, même si les leçons de l’Académie Slow Food sur l’agroécologie ont été temporairement suspendues avec présence physique, car nous adhérons aux directives et indications procédurales des gouvernements, les discussions sur la façon dont la philosophie de Slow Food et l’agroécologie peuvent améliorer le système alimentaire en Afrique sont en cours. Le matériel, les sujets de discussion et les expériences continuent à être partagés entre les participants en utilisant les plateformes virtuelles de médias sociaux créées par les coordinateurs.
Le Slow Food Youth Network Afrique organise régulièrement des vidéoconférences pour continuer à organiser des événements en ligne, partager des idées et des histoires encourageantes à travers le continent, grâce aux jeunes leaders de différents pays qui travaillent dur et sont très innovants ; ils ont su garder le travail de nos communautés locales visible. Les jeunes ont un grand rôle à jouer en ce moment difficile où le continent, et la planète entière, a besoin de plus d’entrepreneurs sociaux et d’innovateurs respectueux de la terre, pour surmonter une série de crises, dont beaucoup résultent d’erreurs humaines et de la cupidité.

Le rôle des Jardins Slow Food
Les jardins Slow Food continuent d’être une grande valeur pour de nombreuses communautés, en fournissant des aliments frais et variés. Nous nous motivons en tant que responsables du réseau Slow Food pour continuer à encourager nos communautés, dont les membres ont toujours accès à des jardins familiaux, à continuer à planter des graines d’espoir et de bonne santé dans le jardin pour nourrir les communautés et nos familles pendant la crise COVID-19 et au-delà, parce que personne n’a l’assurance de savoir quand toute cette confusion sur les coronavirus prendra fin. Nous continuons à encourager nos communautés à partager généreusement les semences, la nourriture et les connaissances avec les autres membres par le biais des différentes plateformes, tout en respectant les directives de santé et de sécurité émises par les autorités compétentes.
Il est important que l’accès aux terres agricoles, aux semences et aux ressources en eau soit inclus dans la mesure de réponse des autorités africaines, en tant que mesures de base pour lutter contre la crise alimentaire qui résulte du COVID-19 sur le continent africain.
En restant à la maison, nous ne devons pas oublier le pouvoir thérapeutique d’un jardin alimentaire domestique cultivé de manière écologique et sa capacité à fournir les aliments sains dont nous avons tant besoin pendant cette période difficile. Ce ne devrait pas être un moment de désespoir, mais un moment de réflexion sur notre impact humain sur la planète, et comment nous pouvons virtuellement nous soutenir mutuellement pour nous remettre de la série actuelle de crises que Slow Food a toujours essayé de résoudre. Restons physiquement séparés mais continuons à être socialement connectés par la lutte qui nous unit, et par le mouvement mondial Slow Food qui rassemble tous nos efforts pour un système alimentaire bon, propre et juste.
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