Le changement au menu: les jardins potagers en Bénin
12 Oct 2017
Cela fait maintenant deux ans que la saison des pluies arrive avec deux mois de retard. Et comme si ce n’était pas suffisant, elle finit aussi plus tôt, vers octobre, allongeant ainsi nettement la période de sécheresse. Au début, nous ne savions pas ce qui se passait: habituellement la saison sèche et la saison des pluies se répartissent de façon égale sur l’année, faisant du mois de juin le dernier mois pendant lequel nous pouvons produire dans les champs.
Aujourd’hui cependant, tout a changé et les nouvelles saisons nous ont forcé à changer complètement non seulement nos modes de vie, mais aussi les cycles de production.
Les producteurs pensait que cette nouvelle tendance climatique était seulement temporaire et n’ont pas prêté attention aux variétés sélectionnées. Les champs de coton, de tabac et de manioc ont progressivement substitué l’agriculture vivrière, basée sur des variétés locales de mil, fonio, taro, etc.
En collaboration avec les autres membres du Convivium de Kouba, nous avons donc commencé à sensibiliser tous les membres de la communauté aux conséquences de la déforestation et du changement climatique. Nous essayons notamment d’aider les producteurs à comprendre qu’il ne faut pas minimiser le problème, mais systématiquement faire face au nouveau climat, en semant et récoltant plus tôt et en cultivant non seulement différentes variétés de produits, avec des cycles de production plus courts pour garantir une récolte minimale, mais surtout des variétés locales, qui s’adaptent mieux au sol et aux températures et qui nécessitent donc moins de soins et de produits chimiques.
Je ne suis pas un expert du climat, donc je n’ai pas de solutions sûres, mais je vis chaque jours les conséquences de ce qui se passe et je sais que nous devons faire quelque chose, de façon urgente. Nous risquons de perdre notre sécurité alimentaire et un patrimoine immense de biodiversité. Partir des jardins potagers, ou de ceux qui produisent notre nourriture, est donc très important.
Dans nos jardins, qui sont ceux du projet des 10.000 jardins en Afrique ou ceux d’autres amis de Slow Food, nous enseignons aux producteurs à appliquer une bonne rotation des cultures, à sélectionner des semences de variétés locales, à éviter l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques et à utiliser du compost et des produits naturels. Nous travaillons également avec Slow Food Lombardia et l’association ManiTese (https://www.manitese.it/) non seulement sur la formation des adultes, principalement les femmes, mais aussi les étudiants des trois écoles primaires des villages de Kouandé, Tampégré et Kouba, dans la zone de Toucountouna. Tous les membres de la communauté ont adhéré avec enthousiasme à la philosophie de Slow Food et grâce à cette synergie nous avons réussi à faire repartir la production de cultures quasiment oubliées, bien que adaptées au territoire, et nous avons évité que 8 d’entre elles disparaissent complètement de la région. Les femmes locales ont notamment réussi à récupérer les graines d’une variété particulière de manioc et les ont reproduit pour les semences de cette année : nous espérons être en mesure de créer une petite chaîne de production et de transformation du produit.
Les autorités locales aussi se rendent peu à peu compte de l’importance de notre travail. Je crois que tous les chefs de nos pays devraient non seulement être conscients des dégâts auxquels nous faisons face, mais surtout de la catastrophe qui se profile à l’horizon. Les institutions doivent donner l’exemple sur la protection de l’environnement et de l’écosystème, aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Et si elles ne le font pas, alors nous devons commencer à nous faire entendre nous, à changer nos modes de vie et à être les protagonistes du changement.
Achille TEPA
Convivium de Kouba
#EatLocal #SlowFood #MenuForChange
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