Le bien-être animal doit devenir une obligation dans les abattoirs.

22 Avr 2016

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Ces dernières semaines, les abattoirs français ont été pointés du doigt par les défenseurs de la cause animale – et pas seulement par eux- à la suite d’une série de cas de cruauté animale bien documentés. Le plus récent a eu lieu dans  l’abattoir de Soule à  Mauléon-Licharre dans la région des Pyrénées-Atlantiques, bien qu’il détienne les certifications bio et Label Rouge, qui, en théorie, attestent d’un très haut niveau de  garantie des bonnes pratiques. Soule n’est pas un cas isolé. A l’automne dernier, l’opinion publique a été choquée par des vidéos filmées en secret à l’abattoir municipal d’Alès par L214, une ONG dont le nom est celui de la loi de 1976 qui établit que «  tout animal est un être sensible »

Ci-dessous, le lien de la vidéo, bien que je doive vous informer qu’elle contient des images choquantes. Si vous êtes une personne sensible, je vous déconseille de la regarder.

La découverte de nouveaux cas de cruautés animales et les scandales qui ont suivi ont poussé le Ministre français de l’agriculture, Stéphane Le Foll, à intervenir et ordonner des inspections spécifiques sur la protection des animaux dans tous les abattoirs pour faire la lumière sur ces pratiques.

Dans une longue interview à Le Monde, Laurent Lasne, président du  Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), évoque les inspecteurs et l’importance cruciale de leur rôle. Il y a 263 abattoirs en France et environ un millier d’inspecteurs dont le travail est principalement concentré sur deux phases : l’inspection ante mortem pour identifier toute maladie contagieuse non détectée dans les élevages, et l’inspection post mortem pour contrôler la qualité de la viande distribuée sur le marché, et ainsi assurer la santé du consommateur.  Ces deux phases sont si longues et complexes que les autres tendent à être négligées ou réalisées de façon aléatoire. La fréquence des contrôles sur l’étourdissement, la mise à mort et le saignement, par exemple, n’est jamais standard, ni régulier. Ils sont parfois effectués une fois par semaine ou une fois par mois, ce qui est insuffisant comme nous l’avons vu.

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Monsieur Lasne est très critique vis à vis de L214, qu’il « accuse » de produire des images qui montrent seulement une face de l’histoire, celle négative. D’un autre côté, bien qu’il admette une faille dans les services de l’inspection, il montre comment les impératifs de rentabilité économique influent sur les abattoirs, qui souvent commettent des erreurs dans l’application des bonnes pratiques établies par la loi- et préfèrent d’abord faire du profit, faire plus et plus vite sans se soucier de la souffrance et du stress des animaux.

Au cours de ces 20 à 30 dernières années, les abattoirs ont enregistré de grands progrès en termes d’hygiène. Mais beaucoup reste à faire en termes de bien-être animal, un paramètre qui est toujours sérieusement délaissé. Qu’est-ce qui peut être fait pour changer les choses ? Une proposition serait d’installer des caméras de surveillance dans les postes de saignées des abattoirs, une autre serait de mettre en place des comités d’éthique représentant chaque secteur concerné : élevages, abattoirs, associations de protection animale, société civile, etc… Tous pourraient apporter leur point de vue dans un monde accessible aujourd’hui uniquement aux personnes qui y travaillent et aux services vétérinaires.

Heureusement, ce dernier scandale devrait conduire à des résultats tangibles, la vague d’indignation soulevée par L214 ne devrait pas s’affaiblir dans les prochains jours, et le Ministre Le Foll devrait tenir ses promesses. De plus, bien que la mesure envisageant que chaque abattoir doive employer une personne en charge du bien-être animal soit proposée en force au niveau européen, des efforts doivent être faits pour  permettre que cela soit effectivement imposé et que les animaux soient vraiment protégés. Et ce n’est pas l’état actuel de la situation pour le moment.

 

by Silvia Ceriani

 

Sources: Le Monde, Les Echos, Agrapress

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