Alimentation, sol vivant & paysage local

01 Juil 2022

L’eau ne cesse de se raréfier avec de lourdes conséquences pour les sols, les cultures et donc, pour notre alimentation. L’eau était justement le sujet central des 2èmes Rencontres d’agroécologie en bassin méditerranéen qui se déroulaient à Elne les 3 et 4 juin 2022. Un événement réalisé par Arbre et Paysage 66 en partenariat avec Slow Food Pays Catalan pour discuter, échanger et s’inspirer autour de  pratiques régénératrices gages de résilience face aux changements climatiques. 

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Disponibilité en eau et approche agroécologique 

Les intervenants se sont succédés lors de la première journée pour détailler la situation hydrique des Pyrénées orientales, dont les ressources en eau sont, pour l’heure, plus abondantes que celles des territoires voisins, et présenter les solutions agronomiques pour faire face aux pics de chaleur, à savoir l’agroforesterie et la recréation de haies. En plus de reconstruire du paysage et d’impacter positivement la biodiversité, il est établi que les arbres ont de multiples bienfaits, invisibles à l’œil nu, sur les sols et la ressource en eau. En effet, l’augmentation de la réserve hydrique des parcelles agricoles s’observe par la présence d’arbres et leur connexion aux champignons du sol. Ces réseaux mycorhiziens permettent d’aller chercher l’eau en profondeur et de la redistribuer à toute la vie du sol y compris les végétaux.

Autre pratique présentée, la couverture permanente des sols par des plantes pour son effet protecteur et simulateur de vie microbienne. Ce marqueur de la santé du sol est illustré par Sébastien Danjou, viticulteur du Domaine Danjou-Banessy, où les sols sont couverts en permanence entre les ceps de vigne : protection face au soleil et à l’oxydation, maximisation de la photosynthèse, résilience face aux ravageurs et production de biodiversité à la clef.

 width=Dans les champs de la diversité 

Observer un champ agroécologique, c’est repenser son rapport à l’esthétique. Singulier, surprenant, la notion de « beauté » devient relative.

 width=Au fil des visites de la journée du 4 juin se matérialisent les enjeux de culture pour préserver la ressource en eau. Cela va bien au-delà du simple focus sur l’eau comme le rappellera Frédéric Bey (Domaine de la Mer Blanche), arboriculteur rencontré en début de journée. Il s’agit de penser et conduire un son écosystème de production de manière holistique pour garantir sa productivité, fertilité et diversité. Au fil de la visite de sa dizaine d’hectares plantés d’espèces méditerranéennes (oliviers, grenadiers, figuiers, figuiers de barbarie, agrumes…), les participants sont invités à observer d’une part les couverts végétaux qui protègent le sol du soleil et stockent l’eau, et d’autre part, les haies qui viennent structurer le paysage et enrichir la biodiversité. Malgré les plus de 30°c de ce début juin, le sol riche d’humus affiche une belle humidité. Dit autrement, du carbone atmosphérique transformé en fertilité par l’action de la photosynthèse.

Ce type de constat sera également réalisé entre les rangs de fruitiers de Christian Soler (La Mésange bleue, 50 hect.), où l’approche globale de la santé de la ferme est poussée jusqu’à l’association de cultures pour favoriser les auxiliaires. En pratique, il s’agira de planter des fèves au printemps pour attirer un prédateur des pucerons, favoriser une auto-régulation et protéger pêchers et abricotiers de ce ravageur. Ces visites nous rappellent une chose fondamentale. L’agroécologie est une série de techniques et pratiques à mettre en place… Et c’est aussi, et avant tout, un élargissement du regard. Observer et comprendre tout un environnement et ses interactions pour agir le plus finement possible avec le Vivant afin de viser une santé globale.

Une alimentation agroécologique 

Comme un écho local au futur Terra Madre de Turin, ces rencontres de l’agroécologie se clôturent par un « Mercat de la Terra ». Rendez-vous de producteurs et de mangeurs réunis autour de produits riches de sens, qui nourrissent culture et imaginaire en même temps qu’ils participent à la résilience de notre environnement.

Le long des étales, on retrouvera Christian Soler et ses fruits. Ici, il ne sera plus question de labels, de canaux de distribution ou de prix au kilo… «Ce que je vends, c’est un paysage, une émotion, un souvenir, un souvenir d’enfance…»

 

Avec la participation aux rencontres :
Frédéric Bey (Domaine de la Mer blanche), André Trives (maraicher en sol vivant), Christian Soler (La mésange bleue), Sébastien Danjou (Domaine Danjou-Banessy), Gaël Tomasini et le Groupe Prosain, Henri Got, Hichem Tachrift, Emmanuelle Choné (Agronomie & Terroirs), Xavier Gueparatte (élevage Xadi), Christophe, Jérôme et Pablo d’Arbre et Paysage 66

 

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