5000 produits à bord de l’Arche du goût de Slow Food
08 Fév 2019

Pour célébrer cette étape importante, nous avons choisi de vous présenter le miel des Gourmantché de la région de Tapoa, au Burkina Faso
C’est avec le miel de Tapoa, produit dans la région homonyme (Est du Burkina Faso) par l’ethnie Gourmantché, que Slow Food franchit la barre des 5 000 passagers sur l’Arche du goût, le grand catalogue en ligne des produits oubliés, menacé d’extinction bien qu’ils appartiennent à la culture, à l’histoire et aux traditions locales, aux quatre coins du monde. Au sein de l’Arche, ils sont répertoriés selon différentes catégories (races animales, fruits, légumes, conserves, fromages, etc.) et constituent une ressource unique pour ceux qui souhaitent redécouvrir et promouvoir le grand patrimoine de la biodiversité alimentaire bâti par l’homme au fil des siècles.
Galerie de photos ici : https://bit.ly/2HV9tb5
Slow Food a choisi ce miel, un produit particulièrement identitaire et important pour la population autochtone des Gourmantché, pour manifester son attention et sa proximité avec les communautés de cette région qui a accueilli la deuxième édition de Terra Madre Burkina Faso les 2 et 3 février derniers. Cet évènement a été organisé par Slow Food in Ouagadougou. Malgré une organisation rendue difficile par les menaces potentielles d’attaques terroristes, les militants locaux ont décidé d’aller jusqu’au bout pour prouver que la nourriture bonne, propre et juste peut aussi être un moyen de parvenir à la paix. Les délégués Slow Food sont venus des quatre coins du Burkina Faso mais aussi du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Mali, du Togo et du Ghana pour participer à cet évènement qui renforce, à travers l’interaction culturelle et l’échange d’expériences, le réseau de Slow Food en Afrique occidentale.
Le miel de Tapoa, 5000e produit de l’Arche, a donc été choisi pour envoyer un message fort : celui de la solidarité avec tous les paysans et les producteurs qui défendent leurs traditions alimentaires et, a fortiori, la biodiversité agroalimentaire en dépit des difficultés liées au terrorisme et à l’instabilité politique qui touchent plusieurs pays africains. Ce choix exprime aussi un autre symbole fort, celui d’avoir choisi le fruit du travail des abeilles, emblèmes évidents des risques que nous encourons face à l’altération de plus en plus grave des équilibres naturels.
Aujourd’hui, le travail sur le miel des Gourmantché de la province de Tapoa est rendu possible grâce aux contributions de Fondazioni for Africa Burkina Faso et de l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS). Les apiculteurs locaux sont réunis au sein de l’Union des producteurs de miel de Tapoa, qui gère une miellerie dans le chef-lieu de la province, Diapaga. L’Union garantit la commercialisation d’un miel de qualité à un prix équitable pour les producteurs et les consommateurs. Les dangers croissants liés à la situation politique du pays ne font que ralentir les projets mis en œuvre dans la province de Tapoa par l’ONG ACRA, qui collabore depuis plusieurs années avec Slow Food et a lancé un projet de valorisation du miel de Tapoa.
Le miel est un produit fondamental dans la tradition Gourmantché. Utilisé dans toutes les fêtes traditionnelles qui rythment la vie des habitants, il fait partie des rites religieux et animistes, tout en étant largement utilisé dans la médecine traditionnelle. En cuisine, il est utilisé dans des recettes classiques telles que la bouilli, un mélange à base de céréales, ou encore dans l’eau blanche, la boisson de bienvenue sans alcool, traditionnellement offerte aux invités. On le retrouve aussi dans le dolo-miel, une boisson fermentée à base de millet, de farine de baobab et de miel. Présente dans une zone de savane aride, la race apis mellifera adansonii peut butiner une grande variété d’essences, ce qui permet d’obtenir un miel polyfloral d’exception et des miels monofloraux très parfumés (karité, tamarin, ou la daniellia oliveri).
L’Arche du goût
L’Arche a vu le jour en 1996, lors de la première édition du Salon du Goût à Turin. Elle regroupe aujourd’hui des produits qui représentent l’identité des populations autochtones (la prune de Davidson australienne, par exemple), ou encore des produits rares comme le petit caféier sauvage racemosa d’Afrique du Sud.
La première étape pour que ces produits ne se perdent pas, c’est de les consigner dans le catalogue en ligne https://www.fondazioneslowfood.com/en/. Tout dépend ensuite de l’activité et de la créativité du réseau Slow Food partout dans le monde. À l’échelle locale, le produit consigné dans l’Arche du goût doit être « adopté » par les membres et sympathisants Slow Food, les cuisiniers, les artisans, les marchés des environs. Des rencontres sont organisées avec les producteurs, leurs produits sont intégrés dans les recettes et mis en évidence dans les menus. Le circuit promotionnel est activé, bien souvent grâce au bouche-à-oreille parmi les amateurs et aux conseils sur les techniques de transformation.
L’ajout d’un produit à l’Arche est souvent le premier pas vers la réalisation de projets concrets comme ceux des Sentinelles Slow Food. Ces projets impliquent alors les producteurs eux-mêmes, au cœur d’un processus de valorisation qui, aujourd’hui, a déjà remis au goût du jour quelque 575 produits à travers le monde.
En 22 ans, l’Arche du goût a accueilli des « passagers » de 150 pays. Des États-Unis avec la pomme de terre ozette des Makah, jusqu’au Guatemala avec la cardamome d’Itxan ; les Iles Féroé avec le ræstur fiskur (un poisson fermenté et séché) ; ou encore le maqaw, une épice des montagnes récoltée par les indigènes Atayal de Taiwan.
Grâce à sa collaboration avec les étudiants de l’Université de sciences gastronomiques de Pollenzo et à son propre réseau associatif, Slow Food réalise une série de publications consacrée aux produits de l’Arche du goût dans chaque pays. Ce travail de recherche et de diffusion des informations dans la langue locale a aujourd’hui lieu au Brésil, au Kenya, au Mexique et au Pérou.
À travers l’Arche du goût, Slow Food œuvre pour protéger la biodiversité de la planète.
Celles et ceux qui croient en ce travail et veulent apporter leur contribution peuvent soutenir ce projet, qui est aussi fondé sur les donations des particuliers.
Pour enregistrer un produit, ici.
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